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CHAPITRE XXIV




Comment doit-on lutter contre les circonstances difficiles ?

Ce sont les circonstances difficiles qui montrent les hommes. À l’avenir, quand il s’en présentera une, dis-toi que Dieu, comme un maître de gymnase, t’a mis aux prises avec un adversaire redoutable. « Pourquoi ? » me dis-tu. Pour faire de toi un vainqueur aux jeux olympiques ; et tu ne peux l’être sans sueurs. Or, personne, ce me semble, ne s’est jamais trouvé dans des circonstances meilleures que celles où tu es, pourvu que tu veuilles en tirer parti, comme l’athlète de son adversaire. Voici qu’aujourd’hui nous t’envoyons dans Rome à la découverte ; or, on n’envoie jamais un lâche à la découverte, car s’il entendait le moindre bruit ou apercevait l’ombre de quoique ce fût, il reviendrait en courant, hors de lui, et disant que les ennemis sont là. Si, à son exemple, aujourd’hui tu revenais nous dire : « Quelles épouvantables choses il y a à Rome ! La mort est bien terrible ! Terrible est l’exil ! Terrible l’ignominie ! Terrible la pauvreté ! Fuyez, ami ; l’ennemi est là ! » nous te dirions : Va-t’en ! garde tes avertissements pour toi ! notre seul tort à nous, ç’a été d’envoyer un pareil individu à la découverte.

Diogène y a été envoyé avant toi ; mais ce qu’il