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CHAPITRE XXII




Des notions à priori.

Les notions à priori sont communes à tous les hommes, et jamais une notion à priori n’est en opposition avec une autre. Qui de nous, en effet, ne pose pas en principe que le bien est utile et désirable, et que dans toutes les circonstances il faut le rechercher et le poursuivre ? Qui de nous ne pose pas en principe que tout ce qui est juste est beau et convenable ? Quand donc se produit le désaccord ? Dans l’application des notions à priori aux faits particuliers ; quand l’un dit : « Un tel a bien agi ; c’est un homme de cœur ; » et que l’autre dit : « Non ; c’est un fou. » Voilà comment arrive le désaccord des hommes entre eux. Tel est le désaccord entre les Juifs, les Syriens, les Égyptiens, les Romains. Il ne porte pas sur ce point-ci : ce qui est honnête doit-il être préféré à tout, et recherché partout ? Mais sur celui-ci : est-ce une chose honnête que de manger du cochon, ou bien est-ce une impiété ? Tel se trouve être aussi le désaccord d’Agamemnon et d’Achille. Appelle-les devant nous. « Que dis-tu, toi, Agamemnon ? Qu’il ne faut pas faire ce qui est légitime et ce qui est bien ? — Certainement il le faut. — Et toi, Achille, que dis-tu ? Qu’il ne te plaît pas de faire ce qui est bien ? —