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CHAPITRE XVIII




Il ne faut pas s’emporter contre ceux qui font mal.

S’il est réel, comme le disent les philosophes, qu’il n’y a aux affirmations des hommes qu’une seule cause, la conviction que telle chose est vraie ; une seule à leurs négations, la conviction que telle chose est fausse ; une seule à leurs doutes, la conviction que telle chose est incertaine ; une seule à leurs vouloirs, la conviction que telle chose est convenable ; une seule à leurs désirs, la conviction que telle chose leur est utile ; s’il leur est impossible de désirer autre chose que ce qu’ils jugent utile, et de vouloir autre chose que ce qu’ils jugent convenable, pourquoi nous emporter contre la plupart d’entre eux ? — Ce sont des filous et des voleurs, dis-tu ! — Qu’est-ce donc que les filous et les voleurs ? Des gens qui se trompent sur ce qui est bon et sur ce qui est mauvais. Par suite est-ce l’indignation ou la pitié qu’ils doivent t’inspirer ? Montre-leur qu’ils se trompent, et tu verras comment ils cesseront de faire mal. S’ils ne voient pas leur erreur, ils n’ont rien qu’ils puissent préférer à leur opinion.

— Quoi donc ! ce voleur et cet adultère ne devraient-ils pas périr ? — Ne parle pas ainsi ; mais dis plutôt : « Cet homme qui s’égare et qui se trompe