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LE VOYAGE DE GYLFE.

est particulier. La plaine de Vigrid a cent milles[1] d’étendue sur chaque face.

Quand ceci arrivera, Heimdall se lèvera et donnera de la trompe de toute sa force ; les dieux se réveilleront et tiendront conseil. Odin sera à cheval auprès du puits de la sagesse pour demander un bon avis à Mimer. Le frêne Yggdrasel tremblera, tout sera dans l’effroi au ciel et sur la terre. Les Ases et les Einhærjars s’armeront et s’avanceront dans la plaine ; à leur tête chevauchera Odin avec un casque d’or, sa jolie cotte de mailles, et Gugner son javelot : c’est ainsi qu’il marchera contre Fenris. Thor combattra auprès d’Odin sans pouvoir le secourir, car le serpent de Midgôrd lui donnera de la besogne. Frey luttera contre Surtur, et il y aura là un rude combat qui se terminera par la mort de Frey, événement qu’il aurait évité s’il n’eût point donné son bon glaive à Skirner. Garm, le chien attaché au banc de rocher de Gnipa, brisera aussi sa chaîne ; il occasionnera le plus grand malheur ; en combattant avec Tyr, ils se tueront mutuellement. Thor aura la gloire de vaincre le serpent de Midgôrd ; mais à peine se sera-t-il éloigné de neuf pas, qu’il tombera mort, empoisonné par le venin que le serpent aura lancé contre lui. Fenris avalera Odin ; Vidarr se précipitera alors contre ce loup, et placera un pied sur sa mâchoire inférieure. Ce pied est chaussé

  1. C’est-à-dire deux cent cinquante lieues, le mille suédois valant deux lieues et demie. (Tr.)