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LE VOYAGE DE GYLFE.

roles, saisit la coupe avec colère, l’approcha de sa bouche, et fit d’incroyables efforts pour la vider, sans pouvoir y parvenir ; il la rendit et ne voulut pas boire davantage. Le contenu de la coupe avait cependant un peu baissé. Loke d’Utgôrd dit : « Nous voyons clairement que ta puissance est bien inférieure à ta renommée. Veux-tu tenter une autre épreuve ? » — « J’y consens, répliqua Thor ; mais la manière dont je viens de boire n’aurait point mérité le mépris chez les Ases. Quelle épreuve me proposez-vous ? » Loke d’Utgôrd dit : « Quelques jeunes gens pensent qu’il serait digne de toi de chercher à enlever mon chat de terre. Je n’aurais pas osé faire cette proposition à Asa-Thor, si je n’avais pas reconnu combien son habileté est inférieure à sa renommée. » Dans ce moment, un chat gris, extraordinairement grand, accourut. Thor s’avança, le prit par-dessous le ventre et le souleva ; mais à mesure qu’il levait la main, le chat arrondissait le dos, et le résultat de tous ses efforts fut de faire lever un peu l’une de ses pattes. Thor perdit donc encore cette partie. Loke d’Utgôrd reprit : « Cette épreuve s’est terminée comme je m’y attendais. Mon chat est très-grand, et Thor est petit en comparaison des hommes qui sont ici. » — Thor dit alors : « Malgré ce que vous appelez ma petitesse, j’invite l’un de vous à lutter avec moi ; car je suis en colère maintenant. » — Loke d’Utgôrd répondit en se tournant vers le banc : « Toutes les personnes que je vois ici regarderaient