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LE VOYAGE DE GYLFE.

une question à laquelle vous ne pouvez satisfaire ? — Jafnhar répliqua : Nous avons ouï raconter des choses qui nous ont paru incroyables. Celui qui pourrait te donner des renseignements précis à cet égard n’est pas loin. Il te dira la vérité ; jamais il n’a menti. — Ganglere dit : Je vais donc attendre une réponse à ma ques­tion, et je vous déclarerai vaincus si je n’en reçois pas. — Thridi prit la parole : Je vois clairement que tu veux savoir, même les choses qui nous semblent peu honorables à raconter ; mais le secret est une obliga­tion pour toi comme pour nous. Ok-Thor roulait dans son char attelé de boucs, et celui des Ases auquel on a donné le nom de Loke était avec lui. Vers le soir, ils arrivèrent chez un paysan qui leur accorda l’hospi­talité. Thor prit ses boucs, les tua, les fit dépouiller et mettre dans une marmite. Quand ils furent cuits, Thor se mit à souper avec ses compagnons, en invitant le paysan, sa femme et leurs enfants à prendre leur part de ce repas. Le fils du paysan se nommait Thjalfe, et sa fille Rœska. Thor plaça la peau des boucs auprès du feu, en ordonnant à ses convives de jeter les os sur ces peaux. Thjalfe tenait à la main l’os de la cuisse de l’un des boucs ; il le cassa avec son couteau pour en tirer la moelle. Thor passa la nuit dans cet endroit ; il se leva de bonne heure le lendemain, s’habilla, prit le marteau Mjœllner et le leva au-dessus de la peau des boucs : aussitôt ces animaux se redressèrent, mais l’un d’eux boitait d’une jambe de derrière. Thor s’en aperçut, et