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le chant provocateur de gudrun.

aux pieds des chevaux. Lorsque Gudrun l’apprit, elle en parla à ses fils.

1. On m’a raconté une querelle sinistre comme l’abîme, faible cause d’immenses chagrins, une querelle qui engagea Gudrun, à l’esprit énergique, à exciter ses fils au combat par des paroles cruelles.

2. « Comment pouvez-vous rester assis ? Comment pouvez-vous passer votre vie à dormir ? D’où vient que la joie ne vous est point à charge, depuis que Jormunrek a fait fouler votre sœur, encore si jeune, aux pieds des cheveux blancs et noirs, sur une route publique ; aux pieds des chevaux gris, bêtes de somme des voyageurs ?

3. « Vous ne ressemblez point à Gunnar ; vous n’êtes pas non plus vaillant comme Hœgne. Vous vengeriez votre sœur si vous aviez le courage de mes frères ou la fermeté des rois Huns. »

4. Alors Hamdir, à l’esprit magnanime, chanta : « Tu n’as pas exalté, je pense, les exploits de tes frères lorsqu’ils tirèrent Sigurd du sommeil ; lorsque tes draps bleu-blanc furent teints dans le sang de ton mari et couverts par le sang d’un meurtre.

5. « L’assassinat de tes frères te parut cruel et dur, puisqu’il te porta à tuer tes propres fils ; nous aurions pu tous ensemble venger notre sœur.

G. « Apporte les joyaux des rois Huns ! Tu nous as provoqués à nous rendre dans l’assemblée des glaives. »