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le poème grœnlandais sur atle.

61. Le gardien de la marmite fut fort effrayé en entendant ces paroles, et ne resta pas longtemps en place ; il se glissa dans tous les coins. « Votre lutte avec moi est malheureuse, dit-il, et ce jour est triste pour moi, puisqu’en mourant il faut que je me sépare de mes porcs et de toutes les magnificences dont ma vue est récréée. » —

62. Alors l’esclave de Budle prit le couteau et le dirigea vers Hjalle, qui se mit à hurler d’une manière pitoyable, avant même d’en sentir la pointe. « J’aurai maintenant, disait-il, le temps de fumer les champs, d’entreprendre les travaux les plus pénibles, si vous me sauvez de ce danger, et je deviendrai joyeux si vous me laissez la vie. »

63. Hœgne (peu d’hommes auraient agi comme lui) résolut alors de sauver cet infortuné. « Je n’aime point à voir prolonger ce badinage, ces cris d’effroi me poursuivraient sans cesse. » —

64. On prit donc le roi : les joyeux guerriers n’avaient pas le loisir de différer plus longtemps l’exécution de la sentence. Hœgne se mit à rire : les fils du jour avaient entendu raconter ses exploits ; il supporta courageusement la douleur.

65. Gunnar prit une harpe, et en tira les cordes avec les rameaux de la plante du pied ; il savait jouer de cet instrument de manière à faire pleurer les femmes, et il attristait les hommes qui l’écoutaient. Quand il chantait, les poutres éclataient.