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le chagrin de gudrun.

36. Les gardiens des portes du château les ouvrirent avant notre entrée dans la cour.

37. Atle me réveilla. Je paraissais triste comme on l’est en pleurant des parents enlevés par la mort. « Le même réveil m’a été donné par les Nomes, dit-il, je voudrais en avoir une explication satisfaisante.

38. « Il m’a semblé, Gudrun, fille de Gjuke, que tu me perçais avec un glaive taché de sang. » —

39. Quand on rêve de fer, c’est une annonce de feu ; la colère des femmes est un présage de perfidie et de chagrin. J’irai au devant du mal pour t’enflammer, te calmer, te guérir, quoique j’éprouve de la répugnance pour toi.

40. « J’ai cru voir tomber dans la cour les rejetons que j’aurais vus croître avec tant de plaisir ; ils étaient déracinés et teints de sang. Ils furent apportés sur la table, et on m’invita à m’en nourrir.

41. « J’ai cru voir les éperviers s’envoler affamés de mon poing, et se diriger vers l’habitation du malheur ; il m’a semblé qu’on mangeait leur cœur avec du miel pour calmer l’esprit affligé et gonflé de sang.

42. « J’ai cru voir de jeunes chiens s’éloigner de moi, et, quoique sans voix, ils aboyaient tous deux ; leur chair me parut corrompue. J’eus bien de la peine à manger de ces rejetons. »

43. Les guerriers parleront autour de ton lit ; ils enlèveront la tête aux boucles blondes ; ils deviendront lâches en peu de nuits. Le jour n’aura point paru en-