Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
le chagrin de gudrun.

ils étaient menacés ; elle adressa à Hœgne l’anneau Andvare-naut, et y noua des poils de loup. Gunnar avait demandé Oddrun, la sœur d’Atle, pour femme ; elle lui fut refusée ; on lui donna ensuite Glœmvor, et à Hœgne Kostbera. Leurs fils furent Solar, Snœar et Gjuke. Lorsque Gunnar et Hœgne arrivèrent chez Atle, Gudrun pria les fils de ce prince d’intercéder en faveur de ses frères : ils s’y refusèrent. Le cœur de Hœgne fut extrait de son sein, et Gunnar jeté dans une fosse remplie de serpents. Il les endormit en jouant de la harpe ; mais une vipère le piqua au foie.




LE CHAGRIN DE GUDRUN.

Le roi Thjodrek était chez Atle, il y avait perdu tous ses guerriers. Gudrun et lui se communiquaient mutuellement leurs afflictions ; la fille de Gjuke lui raconta sa destinée et chanta :

1. J’étais la plus belle des vierges ; ma mère la jolie me mit au monde dans la demeure des femmes. Mes frères me furent chers jusqu’au moment où Gjuke compta l’or de ma dot et me donna à Sigurd.

2. Ce prince s’éleva au-dessus des fils de Gjuke ; c’était le lis qui croît au milieu du gazon, ou le cerf aux jambes hautes, et dont la taille domine celle des autres animaux ; c’était l’or rouge comparé à l’argent grisâtre.