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second poème sur brynhild.

35. « Jusqu’au moment où les trois descendants de Gjuke entrèrent à cheval dans la cour, je n’avais point voulu appartenir à un homme. Hélas ! pourquoi ce voyage a-t-il eu lieu ?

36. « Le chef, assis sur les épaules de Granne, et couvert d’or, me donna sa foi ; il ne vous ressemblait ni par les regards ni par les formes ; et cependant vous croyez être des chefs d’armée.

37. « Atle me dit en particulier qu’il ne permettrait le partage ni des présents, ni de l’or, ni du pays, si je ne consentais point à me donner ; que je n’aurais aucune part aux biens ni à l’argent monnayé.

38. « Mon esprit fut en suspens ; devais-je combattre ou faire un choix parmi les cottes de mailles pour apaiser ma querelle avec mon frère ? Il fallait l’annoncer au peuple et diminuer ainsi la joie de plus d’un homme.

39. « Nous conclûmes la paix. Je trouvai plus de plaisir aux joyaux et aux anneaux rouges que le fils de Sigmund devait me donner. Je ne voulais point l’or d’un autre homme ; je voulais en aimer un seul, et pas davantage : la jeune fille, dont la poitrine était couverte d’or, n’avait point un esprit léger.

40. « Quand mon voyage vers la mort sera accompli, Atle saura que la femme au cœur flexible ne passera jamais sa vie avec un autre homme. Alors le moment de venger mes chagrins sera venu. » —

41. Gunnar, le chef des guerriers, se leva, et passa