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second poème sur brynhild.

aucun ne se rendra à l’assemblée du peuple. Je sais exactement ce qui arrivera. Brynhild est la cause de tout ce mal.

28. « Je suis l’homme qu’elle a le plus chéri, mais je n’ai point trahi Gunnar. Je suis resté fidèle à mes serments. Depuis, on m’a appelé l’ami de sa femme. »

29. Gudrun soupira et le roi rendit l’esprit. Alors elle frappa ses mains ensemble ; à ce bruit, les chevaux hennirent et les oies poussèrent un cri.

30. Lorsque Brynhild, la fille de Budle, entendit Gudrun sangloter bien haut dans son lit, elle se mit à rire une fois de tout son cœur.

31. Gunnar parla ainsi : « Femme vindicative, ces éclats de gaieté ne t’annoncent rien de bon. Mais d’où vient que tes couleurs disparaissent ? tu sembles mourante.

32. « Tu aurais mérité, femme, de voir tuer Atle sous tes yeux, de lui voir une blessure saignante, et d’être obligée de bander sa plaie humide. » —

33. Brynhild, la fille de Budle, répondit : « Tu ne combattras plus, pas un homme ne te provoquera. Atle redoute peu la colère, il te survivra et sera toujours le premier quant à la puissance.

34. » Je pourrais te dire, si tu ne le savais parfaitement, Gunnar, que tu as changé de forme pour commettre le crime. J’étais bien jeune alors ; le chagrin ne m’a point forcée, moi, richement pourvue de biens, à entrer dans la maison fraternelle.