Page:Les Eddas, trad. Puget, 2e édition.djvu/377

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
fragments de poèmes sur sigurd et brynhild.

16. Le soir était venu ; on avait beaucoup bu, et plus d’une parole badine avait été dite ; tous ceux qui se mirent au lit s’endormirent ; mais Gunner veilla plus longtemps que les autres.

17. Ils commencèrent à remuer le pied, et parlèrent avec abondance ; le chef voulut réfléchir, le corbeau et l’aigle chevauchèrent vers leur demeure.

18. Brynhild, la fllle de Budle et la descendante de Skœld, s’éveilla un peu avant le jour. « Le malheur est accompli ! laissez-moi exprimer ma douleur ! »

19. Tous se turent à ces mots ; peu de gens comprennent ces manières de femmes, qui font pleurer sur des choses ordonnées en riant aux héros.

20. « J’ai cru voir en dormant que Gunnar était bien cruel ; il y avait tant de fraîcheur dans la salle ! mon lit était froid. Mais toi, prince ! les coups te font chevaucher sans joie et enchaîné vers les rangs ennemis. Puisse ainsi la race de Nifl vous ôter à tous votre puissance ! — Vous êtes des parjures !

21. « As-tu oublié, Gunnar, que votre sang à tous deux a coulé sur vos traces ? Tu l’as mal récompensé maintenant de ce qu’il a marché le premier au danger.

22. « Quand il vint courageusement, à cheval pour m’adresser une demande en mariage, on vit comment le chef tint sa promesse à ton égard, jeune prince !

23. « Ce roi magnifique plaça entre nous son glaive incrusté de feu ; mais on l’avait auparavant enduit de venin. »