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fragments de poèmes sur sigurd et brynhild.

9. Gudrun, la fille de Gjuke, était dehors et chantait : « Où est maintenant Sigurd, le prince des hommes, quand mes parents sortent à cheval ? »

10. Hœgne se borna à répondre : « Nous avons dépecé Sigurd avec le glaive ; le cheval gris baisse la tête et flaire le roi qui est mort. »

11. Alors Brynhild, fille de Budle, chanta : « Vous serez les maîtres du pays et des armes. Sigurd serait devenu le dominateur de tout, si son existence se fût prolongée encore un peu de temps.

12. « N’est-il pas présumable que Sigurd aurait dominé le royaume et les peuples nombreux de Gjuke, puisqu’il a engendré cinq fils vaillants pour fortifier l’armée ? »

13. Brynhild (et tout le palais en retentit) se mit à rire cette fois de tout son cœur. « Vous jouirez du royaume et du peuple, puisque vous avez laissé succomber le roi hardi. »

14. Gudrun, la fille de Gjuke, chanta alors : « Tu nous parles d’une action inouïe. Que toutes les mauvaises puissances s’emparent de Gunnar, qui a trahi Sigurd ! Ce prince sera vengé sur les cœurs pervers. »

15. Sigurd avait succombé au sud du Rhin, et le corbeau, perché sur la branche, cria bien haut : « Atle teindra dans votre sang le fil de son glaive. Assassins ! vos serments vous tueront ! »

    Sigurd. On lui donna à manger un serpent et de la chair de loup bouillis ensemble, pour le rendre cruel. (Tr.)