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LE CHANT DU SOLEIL.

puissant était le maître. Les sentiers de la mort m’apparurent promptement.

37. Les chaînes de Hel, solidement rivées, vinrent serrer mes flancs ; je voulus les briser, mais elles étaient fortes. Il est doux de marcher en liberté.

38. Seul je savais combien la douleur gonflait tous mes membres ; les vierges effrayantes de la mort m’invitaient chaque soir chez elles.

39. Je vis le soleil, véritable étoile du jour, descendre tristement dans les nuages ; mais dans une autre direction j’entendais la barrière de Hel siffler lourdement.

40. Je vis le soleil environné de runes sanglantes. Alors on me tira du monde avec violence, et le soleil me parut plus puissant que par le passé.

41. Je vis le soleil, et je crus voir le Dieu saint. Pour la dernière fois je m’inclinai devant lui dans le monde du temps.

42. Je vis le soleil ; il rayonnait tellement que je crus ne plus rien savoir : d’un autre côté, dans les torrents de Gilva ruisselait le sang.

43. Je vis le soleil trembler sur la vague ; craintif et accablé, mon cœur s’est brisé de faiblesse.

44. Il m’est arrivé rarement de voir le soleil ainsi affligé ; alors on me tira du monde avec violence : ma langue était comme un morceau de bois, et tout ce qui l’entourait froid.

45. Jamais, depuis ce jour sinistre, je n’ai revu le