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LE POÈME SUR RIG.

épais, mélangé de sauce ; elle en ajouta encore lorsqu’il fut sur le plat. La soupe était sur la table, dans une écuelle, et le mets le plus recherché de ce repas était du veau bouilli.

5. Rig se leva, il avait envie de dormir ; il donna quelques conseils, puis se coucha dans le lit avec les deux époux.

6. Rig passa trois nuits dans cet endroit, ensuite il partit en suivant le milieu de la route ; neuf mois s’écoulèrent.

7. Edda donna le jour à un fils ; il était noir et fut appelé Træl[1] ; il grandit et végéta bien. La peau de ses mains se rida, ses doigts étaient épais et leurs nœuds sans souplesse. Sa physionomie était boudeuse, son dos courbé ; ses pieds étaient longs.

8. Il employa ensuite ses forces à tresser les écorces molles, à faire des fardeaux, puis il porta tous les jours des fagots au logis.

9. Une piétonne arriva dans l’habitation ; elle avait les pieds blessés, les bras hâlés, le nez aplati ; elle s’appelait Thy[2].

10. On la plaça au milieu du banc ; le fils de la maison s’assit près d’elle ; ils se parlèrent avec intimité. Træl et Thy préparèrent le lit de leurs jours pesants.

11. Ils engendrèrent des enfants en paix et en repos. Je me souviens de leurs noms : Hreim et Fjœsner,

  1. Esclave. (Tr.)
  2. Femme esclave. (Tr.)