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LE FESTIN D’ÆGER.

m’ont surnommé l’habile : c’est pourquoi je parle librement, tandis que tous les fils d’Odin vident ensemble les coupes d’hydromel.

loke chanta.

46. Tais-toi, Beygver ! tu ne sauras jamais distribuer les vivres aux hommes de guerre ; à peine si l’on a pu le trouver dans la paille des lits, lorsqu’on s’est battu.

heimdall chanta.

47. Tu es ivre, Loke ; c’est pourquoi tu parles comme un fou. Ne te lasseras-tu point de ces injures ? L’ivresse empêche l’homme de savoir ce qu’il dit.

loke chanta.

48. Tais-toi, Heimdall ! Dès le commencement du temps, tu as été destiné à avoir le dos mouillé, en servant éternellement de sentinelle aux dieux. Cette existence est misérable.

skade chanta.

49. Tu es en gaieté, Loke ! mais tu ne t’amuseras pas longtemps, car les dieux t’enchaîneront sur les rochers pointus, avec les intestins froids comme la glace de l’un de tes fils.

loke chanta.

50. Si les dieux m’enchaînent sur les rochers