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LE POÈME DE HYMER.

dans la mer. Le géant n’était pas content au retour, de sorte qu’il ne parla point.

25. Il lança la rame sous un autre rumb de vent. « Il faut maintenant m’aider à porter les baleines à terre, et à fixer le mouton flottant[1] sur le rivage. »

26. Hloride saisit l’étrave, tira le bateau à terre avec l’houache, les rames et les pelles à puiser ; il porta au logis les baleines du géant, et les jeta dans la chaudière de l’habitant des montagnes.

27. Cependant l’obstiné géant disputait encore avec Thor sur ses exploits. « On n’est pas fort, disait-il, parce qu’on rame avec vigueur ; tu le seras, si tu peux écraser cette coupe ! »

28. Mais, lorsque Hloride eut cette coupe entre les mains, il fendit en deux le rocher escarpé ; puis, étant assis, il lança la coupe à travers le pilier ; elle n’en fut pas moins rapportée entière à Hymer.

29. Il en fut de même jusqu’au moment où la douce amie leur donna ce bon conseil, le seul qu’elle eût à sa disposition : « Lancez la coupe contre le crâne de Hymer, ce grand géant ; il est plus dur que toutes les coupes. »

30. Le prince des boucs se dressa avec vigueur sur ses genoux, et réunit toute sa force divine. Le porte-casque[2] du géant resta entier, mais la coupe ronde fut fendue.

  1. La barque. (Tr.)
  2. La tête. (Tr.)