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avant-propos.

augmentaient parmi les hommes ; chacun tirait vanité de son talent, de ses découvertes, et cette vanité fut portée à un tel point, que les Africains, descendants de Cham, dévastèrent la partie du monde habitée par leurs parents, les descendants de Sem. La terre ne leur suffisant plus après cette victoire, ils bâtirent dans la plaine de Sinear une tour de briques et de pierres, avec l’intention de la faire monter jusqu’au ciel. Cette tour avait dépassé la région des vents, et les travailleurs n’en persévéraient pas moins dans leur dessein. Dieu, qui voyait l’accroissement journalier de leur orgueil, pensa qu’il était temps de l’étouffer. Ce Dieu est le Tout-Puissant ; il pouvait détruire la tour en un moment, mais il préféra, afin de montrer aux hommes combien ils étaient faibles, répandre la confusion dans leur langage. Ils ne se comprenaient plus. Les uns détruisaient l’ouvrage des autres ; ils finirent par en venir aux mains. Leur entreprise fut manquée, et la tour resta inachevée. Les architectes étaient au nombre de soixante-douze, et Zoroastre, leur chef, avait ri avant de pleurer lorsqu’il vint au monde. Soixante-douze idiomes se sont répandus sur la terre depuis la dispersion des géants. Une ville célèbre fut bâtie plus tard dans l’endroit où l’on avait commencé la tour, et, en souvenir de cette dernière, elle fut appelée Babylone. Après la confusion des langues, les noms d’hommes et de choses se multiplièrent. Zoroastre en eut beaucoup. Il comprit que son orgueil avait été humilié, mais cela