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avant-propos.

sèrent que, sous différents rapports, la terre était un corps vivant ; qu’elle était extrêmement vieille et très vigoureuse. Elle donnait la vie à tout, et recevait dans son sein tout ce qui mourait. C’est pourquoi ils lui donnèrent un nom, et dirent qu’ils sortaient d’elle. La tradition leur avait appris que, depuis bien des siècles, la marche des corps célestes était inégale ; qu’il fallait à plusieurs d’entre eux plus de temps qu’aux autres pour effectuer leur révolution : ils en conclurent qu’il devait y avoir un modérateur des corps célestes, qu’il était grand, puissant, et dirigeait les astres suivant sa volonté. S’il disposait des corps célestes, il existait avant eux, et devait être également le maître de la lumière, de la pluie, de la neige, de la grêle, des moissons, des vents et des tempêtes. Les hommes ignoraient dans quelle région se trouvait son royaume, mais ils n’en croyaient pas moins que cet être inconnu gouvernait toutes choses sur la terre. Afin de pouvoir exprimer leurs idées et les fixer dans la mémoire, ils les désignèrent par leurs noms personnels. La dispersion des races et les changements survenus dans leur langage ont fait subir de nombreuses modifications à cette croyance.

2. Noé, étant devenu vieux, partagea la terre entre ses fils. Cham eut l’occident, Japhet le nord, et Sem le midi. J’expliquerai ceci plus tard, en parlant de la division de la terre. À mesure que les arts naissaient et se développaient, l’orgueil et l’amour des richesses