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traversa mon esprit comme un éclair: Peut-être, me dis-je, Pauline est-elle revenue à Moscou; peut-être qu’à cette heure elle est chez son père, et je me dirigeai précipitamment vers sa demeure.

De grands changements avaient été faits dans cette maison, que je connaissais si bien. Les vieux meubles étaient remplacés par d’autres meubles plus à la mode; les appartements étaient disposés dans un nouvel ordre. Tout avait pour moi un singulier aspect. Le vieillard aussi était bien changé. Une attaque de paralysie le tenait cloué sur son fauteuil. Cependant il m’accueillit amicalement comme autrefois.

— Tu es sans doute, me dit-il, en voyage avec une mission, car je n’ose supposer que tu fasses un mauvais emploi de ton temps, et que tu aies dû, malgré toi, quitter Pétersbourg?

Je lui répondis en souriant que j’avais une affaire à traiter dans le gouvernement de....

Ces paroles le rassurèrent, et il m’embrassa.

— Que fait ton oncle? ajouta-t-il.

— Vous savez que je ne reçois qu’une lettre de lui par an.

— Et moi, je n’en reçois point.

Nous nous mîmes à causer ensemble, et j’appris que Pauline devait se trouver le soir à un bal que donnait l’assemblée de la noblesse. Je me retirai; je refusai son invitation à diner, et le soir j’étais au bal. Les quadrilles s’organisent. Je cherche Pauline, et je la vois dansant gaîment avec un officier de hussards, et causant avec lui d’un air gracieux.