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gentilhomme. Il devint amoureux d’une jeune fille riche, et elle aussi l’aima, et voulut l’épouser, malgré les reproches et les résistances d’une fière cohorte d’oncles et de tantes. S’ils vivaient encore, mes bons et chers parents, mon amour et l’amour de Pauline les consoleraient de toutes les douleurs auxquelles ils furent condamnés.

Mon oncle ne voulut pas revoir ma mère. Cependant il se décida à veiller de loin sur moi, comme une providence invisible. Le père de Pauline me donna un asile à son foyer. Je fus élevé, je grandis avec ses enfants. C’est ainsi, Pauline, que j’appris à te connaître ; et comment, quand je te connus, ne t’aurais-je pas aimée ? C’est à toi que je dois les premières joies de ma vie, les premières impressions de ma jeunesse, et ton image a sans cesse plané sur moi. Un jour est venu où j’ai su que le sentiment qui nous réunissait l’un à l’autre dans toutes nos émotions, c’était de l’amour. Uu jour que nous nous rendions, à l’heure habituelle, près de ton père :

— Antoine, me dit-il, il faut que un parte demain pour Pétersbourg. Tu as acquis une assez notable instruction. Ton oncle est content de toi. À présent, il désire que tu entres avec un esprit d’ordre et de travail dans la vie pratique. Si tu parviens à te faire une place honnête dans le monde, cet oncle, qui est mon ami, prendra soin de ton avenir.

— Mais ne puis-je à présent le voir ?

— Non. Il dit que, quand tu te seras rendu digne de son affection par ta conduite, il pardonnera à la mémoire de ta mère, il fera de toi son héritier. En attendant, il te donne