Page:Les Deux Bourgognes, tome 7, 1838.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

par la tempête. Mais Cornelio ne s’y trompa point. Il lui prit la lettre qu’on lui avait attachée sous l’aile, et, ouvrant précipitamment sa lanterne sourde, posée à côté de lui, il lut les paroles que voici :


« Fomalhaut, l’étoile bleuâtre, salue Algol, l’astre du zénith étincelant.


Maître, j’ai appris par ton messager que tu avais reçu la visite du comte Arriani, à qui j’avais donné pour toi le passe convenu. Tu me demandes en même temps, pour un motif que je ne connais pas, de t’informer si j’ai revu le comte, si je sais où il est retiré, et quel usage il fait d’un talisman que tu lui as remis. Voici la vérité sur ce sujet, qui paraît t’intéresser vivement.

J’ai su, il y a trois jours, que le comte Arriani était revenu, après une longue absence, et qu’il habitait une maison de campagne qu’il a louée à quelques lieues d’ici. Ce jeune homme a toujours été d’un caractère sombre, et, dans les conversations que j’ai eues autrefois avec lui, j’ai cru deviner qu’il avait des chagrins secrets. Mais depuis son retour, son humeur paraissait, dit-on, plus triste et plus sauvage encore : ce que l’on attribuait au dérangement de sa fortune. Quoi qu’il en soit, quand je reçus ta lettre, je résolus d’aller le trouver moi-même, afin d’obtenir des renseignements plus exacts.

En m’y rendant, j’eus un mauvais pressentiment ; car, au milieu de la forêt, un corbeau me poursuivit longtemps de ses croassements lugubres, en se perchant sur la cime desséchée des chênes.

La maison du comte Arriani me sembla inhabitée, quand j’y arrivai à la tombée du jour. Les contrevents étaient fermés, pas une lumière n’y brillait. Je frappai plusieurs fois sans obtenir de réponse. Enfin un vieux serviteur vint m’ouvrir ; il avait les yeux rouges d’avoir pleuré. Cet homme me connaissait pour m’avoir vu chez son maître.

« Ah ! monsieur, me dit-il, vous venez dans un triste moment.