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trente mil livres3 dont ils ont profité, sur ce deduit trois ou quatre cens escus pour la permission de charlataner ; que l’on reforme quand on voudra : leur paquet est faict.

Il en veut aux femmes qui veulent estre braves. Pourquoy en parle-il mal ? Que ne s’attaque-il à ceux qui les espousent et qui les trompent ? Un marmouzet qui promet tout et ne tient rien, qui donne un estat et ne le peut entretenir, qui asseure sa fortune sur l’étiquette d’un sac et sur la ruine d’un païsan, méritent une couronne cornuë.

Il n’en parle que par envie : c’est qu’il ne peut estre eschevin, car il n’a pas le moyen d’achepter un estat de quartenier pour assister au banquet de la trahison, ou de gagner les voix à la brigue, comme fit jadis un charpentier contre le venerable Poncet, qui en est mort de melancolie. S’il ne sçait faire trotter les bouteilles pendant la brigue, il en peut bien torcher son bec. Mais quel profit y a-il de nommer des prud’hommes ? Aussi bien sont-ils corrompus quand ils ont passé par là.

Ha ! monsieur le satyrique, vous estes igno-


3. Tabarin surtout devint très riche. Il se retira dans une terre près de Paris, et, jalousé par les nobles ses voisins, qui s’indignoient de voir ce farceur se poser comme leur égal, il fut tué par eux dans une dispute pour affaire de chasse. Dupuys Demporte, Hist. gén. du Pont-Neuf, 1750, in-8, p. 36, et D. Martin, Le parlement nouv., franç.-allem. Strasb., 1637.