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gleterre et diminuerait son influence en Chine. Mais il dut s’y rendre, tout en maugréant contre l’Amérique : il déclarait qu’il soulèverait l’Asie contre l’Amérique, qu’il retournerait contre cette dernière la doctrine de Monroë et lancerait le mot d’ordre : L’Asie aux Asiatiques. L’Amérique ne fut pas intimidée. Elle exerçait également son influence sur le Japon par l’entremise de l’Angleterre qui, après la guerre, était sa débitrice et devait exécuter ses volontés.

Ainsi, la conférence de Washington devait diminuer le rôle du Japon en Chine, et l’Amérique y parvint.

La conférence décida que les Japonais devaient évacuer les provinces qu’ils avaient occupées en Chine. Mais ce n’était pas tout : il fallait résoudre intégralement la question de la Chine au point de vue de la souveraineté de ce pays. C’est là que surgit la question de savoir pourquoi les douanes chinoises se trouvaient entre les mains des étrangers, pourquoi ces derniers avaient des concessions importantes et occupaient les meilleurs quartiers dans les grandes villes et les grands ports chinois. Autrement dit, la conférence dut s’occuper de la question de l’exterritorialité, c’est-à-dire des droits spéciaux des étrangers dans les ports et les grandes villes de Chine. Or, cela fit apparaître d’autres questions, comme par exemple celle des tribunaux étrangers (il faut dire qu’il existe en Chine des tribunaux étrangers). Toutes ces questions furent « résolues » par la promesse des impérialistes de modérer un peu leurs appétits en Chine.

Mais la conférence de Washington ne supprima pas immédiatement l’influence japonaise en Chine. Il fallait aux Japonais du temps pour liquider la situation et procéder à l’évacuation.

Dans les provinces d’où les Japonais devaient retirer leur gendarmerie et abandonner les chemins de fer, les crimes devenaient de plus en plus fréquents et les Japonais démontraient qu’il leur était impossible de s’en aller, leur départ pouvant susciter des désordres et menacer les intérêts des étrangers.

Afin de forcer le Japon à exécuter les décisions de Washington, l’Amérique dut recourir encore une fois à son moyen favori : fomenter des guerres entre les militaristes chinois, afin d’opérer un nouveau regroupement des forces impérialistes en Chine.

Les militaristes chinois,
instrument des capitalistes étrangers

En effet, en mai 1922, trois mois après la conférence de Washington, eurent lieu les premiers combats entre Tchang-So-Lin et Ou-Peï-Fou, près de Changhaï et autres localités. Ainsi, la décision de la conférence de Washington était mise en vigueur par la force des armes dans la lutte entre les deux principaux militaristes chinois. Ce fait est loin d’être fortuit. Tout le monde disait en Chine que l’antagonisme entre Tchang-So-Lin et Ou-Peï-Fou s’aggravait, mais on ne pouvait prévoir que le conflit éclaterait précisément après la conférence de Washington.

Il faut s’arrêter ici sur le second facteur auquel j’ai fait allusion plus haut, sur les rapports entre les forces nationales de la Chine et les impérialistes, autrement dit sur la façon dont les antagonismes entre militaristes chinois étaient mis à profit par les impérialistes étrangers.

Pourquoi Tchang-So-Lin est-il en guerre avec Ou-Peï-Fou ? Cette