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veau conflit entre l’Amérique et le Japon à Canton, et l’opinion publique japonaise déclara par sa presse que le consortium ne pouvait s’étendre sur la Mandchourie et la Mongolie, le Japon y ayant des intérêts particuliers. Les Japonais prétendaient être de la même race que les Mongols et les Mandchous ; par suite, le capital américain ne devait pas pénétrer dans ces pays.

D’autre part, grâce à la lutte entre l’Amérique et le Japon, il y eut un incident qui mit en branle les masses chinoises. On apprit en Chine que, pour garantir les emprunts que devrait donner le consortium, le gouvernement chinois accorderait des concessions avantageuses : le droit de perception des impôts fonciers, le monopole du sel et du tabac, etc…, ce qui impliquait le joug de la banque internationale sur le peuple chinois. C’était une victoire trop peu dissimulée des impérialistes. Le ministre chinois des affaires étrangères, Yen, dut alors demander par écrit au financier Lamont, représentant des impérialistes internationaux, organisateur du consortium, de démentir officiellement ce bruit. Lamont fit une réponse inintelligible et, peu après, l’idée du consortium s’éteignit.

La Conférence de Washington et les impérialistes

Après l’expérience infructueuse du consortium, l’Amérique conçoit un autre plan d’oppression « pacifique » de la Chine. Elle propose l’idée de la conférence de Washington. Il s’agissait de réunir les impérialistes à Washington et de décider la façon dont on pourrait satisfaire en les accordant les intérêts de tous les impérialistes en Chine et utiliser, le plus avantageusement possible, le peuple chinois et les matières premières du pays.

Mais le but principal de cette conférence devait être de liquider l’hégémonie du Japon en Chine, qui s’était établie pendant la guerre mondiale. Il fallait pour cela, premièrement, donner à la conférence l’apparence de défendre les intérêts de la Chine ; la question de la souveraineté de la Chine devait y figurer. Le Japon devait restituer tout ce qu’il avait conquis en Chine. Personne ne devait démembrer la Chine, mais, au contraire, tout le monde devait soi-disant contribuer à créer une Chine indivisible.

C’est l’Amérique qui avait suggéré cette idée.

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. L’Amérique n’avait pas de sphère territoriale d’influence en Chine, alors que les autres puissances en possédaient. Elle était donc naturellement intéressée a ce que les autres impérialistes perdissent leurs sphères d’influence, afin que les territoires en question fussent remis au gouvernement chinois, mais à un gouvernement chinois entièrement soumis à l’Amérique. Ainsi, sans avoir de droits juridiques sur des sphères d’influence, l’Amérique en posséderait en fait.

L’autre but de la conférence de Washington était de rompre l’alliance anglo-japonaise en Extrême-Orient, afin d’affaiblir le Japon. L’Angleterre et le Japon s’étaient alliés en 1902. En 1911, ils avaient renouvelé leur alliance, qui, en 1922, après vingt ans d’existence, fut dénoncée à la conférence de Washington, à la demande de l’Amérique, celle-ci ne pouvant admettre que l’influence du groupement anglo-japonais en Extrême-Orient dépassât la sienne.

La troisième question de la conférence de Washington était celle de la limitation des armements navals, au détriment du Japon également.

C’est à contre-cœur que le Japon se rendit à la conférence de Washington qui, il le savait, mettrait fin à son alliance avec l’An-