Page:Les Cahiers du Militant N° 6 - La Question Anglaise.pdf/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourquoi les bourgeois anglais combattent
l’emprunt russe

Voilà pourquoi la question de l’attitude envers l’U. R. S. S. est maintenant une des plus importantes en Angleterre. Conservateurs et libéraux poussent les hauts cris au sujet du traité anglo-soviétiste, qu’ils se préparent à faire échouer au Parlement. La question de l’emprunt particulièrement a déchaîné des discussions furieuses. Dans leurs éditoriaux, les journaux bourgeois déclarent que cet emprunt est destiné à l’I. C. C’est là, on le sait, une absurdité manifeste. Libéraux et conservateurs savent parfaitement qu’il s’agit d’un emprunt pour la restauration de l’économie en U. R. S. S. et non pour l’I. C.

Pourquoi donc la bourgeoisie veut-elle empêcher l’emprunt russe ? Est-ce de crainte de perdre 30 à 40 millions de livres sterling ? Evidemment non. Chacun sait que les prêts que consentira l’Angleterre au gouvernement soviétiste seront solidement garantis. Chaque bourgeois anglais comprend que le traité signé par Mac Donald et Rakovsky n’est pas sans avantages pour lui. Quant à nous, il ne nous enthousiasme pas particulièrement. Nous avons dû consentir à des concessions importantes, que certains camarades jugent excessives. Mais dans l’ensemble, le traité était et reste acceptable pour les deux parties. Au point de vue purement commercial, il est, il va de soi, entièrement acceptable pour les capitalistes anglais.

Affirmer, comme le font ces derniers, qu’il est dangereux d’investir 30 à 40 millions de livres sterling en U. R. S. S. est une absurdité. Notre gouvernement est le plus solide qui soit au monde et les obligations qu’il assume sont plus sûres que celles de beaucoup d’autres Etats. L’Europe prête aux Polonais et aux Roumains, quoique le pouvoir des seigneurs polonais et des boyards roumains soit infiniment moins stable que celui des Soviets. Commercialement, l’emprunt projeté est une affaire non seulement sûre mais très avantageuse pour la bourgeoisie anglaise.

Néanmoins, on cherche à le faire échouer. Pourquoi ? Tout d’abord probablement sous la pression des impérialistes américains. Ces derniers jours, les principaux journaux de New-York et même le Sun, organe ultra-conservateur, déclarent que l’action du premier gouvernement ouvrier en Angleterre a été exceptionnellement heureuse. Dans ses éditoriaux la presse américaine est unanime à signaler les grands services rendus par le gouvernement travailliste dans les questions de politique intérieure et extérieure à l’exception du traité anglo-soviétisie, qui, selon, elle, est une lourde faute.

Les lords anglais et les milliardaires américains recommencent à faire bloc contre l’U. R. S. S. On se souvient que le ministre américain des Affaires étrangères, Hughes, rêvait jadis de faire venir la Russie à récipiscence et déclarait que jamais l’Amérique ne reconnaîtrait l’Union des Républiques Soviétistes. Dans certaines questions de politique étrangère, libéraux et conservateurs anglais marchent aux côtés et parfois sous la baguette des milliardaires américains. Les milliardaires d’outre-Atlantique délivrent à Mac Donald un certificat de bonne conduite et déclarent, en riant dans leur barbe, que le gouvernement travailliste a fait de la bonne politique extérieure. En ce qui concerne le plan Dawes, dont ils sont les auteurs, les capitalistes américains, évidemment, ne peuvent qu’approuver la politique de Mac Donald. Il en est de même en ce