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en effet que la concurrence de l’Allemagne menace fortement notre commerce. Son exportation peut nous nuire sérieusement. Mais il est encore d’autres adversaires du plan Dawes, d’autres adversaires de l’emprunt allemand, d’autres adversaires de la restauration de l’industrie et du commerce allemands. On na pas parlé de ces adversaires, et pourtant leur importance est grande. Quels sont-ils ? Ce sont les communistes. Il y a deux jours, les périodiques ont consacré toute une colonne à une assemblée communiste où l’on avait fait un rapport dirigé contre le plan Dawes, qui, soi-disant, apporte l’asservissement à l’Allemagne ? Pourquoi donc les communistes en Angleterre sont-ils contre ce plan ? Parce qu’ils agissent sur l’ordre de Moscou. Et pourquoi Moscou s’oppose-t-il au plan Dawes ? Parce que Moscou na pas encore renoncé à l’espoir, si longtemps caressé, de la révolution mondiale. Moscou sait qu’une Allemagne pacifiée et satisfaite sera un obstacle aux tendances communistes ; il sait également qu’il n’a rien à redouter de l’Allemagne dans sa situation actuelle.

Messieurs, la question du maintien de la civilisation se pose devant l’Europe Occidentale, et notre devoir est de faire tout ce qui dépend de nous pour la défendre. Le rempart de la civilisation occidentale (l’Allemagne) doit être fort pour résister à la poussée destructrice qui vient de l’Orient ; or, le moyen le plus efficace pour assurer sa solidité est la réalisation du plan Dawes, qui remet en contact le marché allemand et les autres marchés du monde. Mieux que personne, je connais les arguments d’ordre commercial que l’on peut apporter contre ce projet, mais je vous prie de réfléchir sérieusement, profondément à cette question et de vous demander si ce n’est pas notre devoir incontestable de fortifier l’Europe et la civilisation humaine. (Times, 3 octobre 1924.)

Comme nous l’avons dit plus haut, c’était par l’entremise de Mac Donald qu’il était le plus commode de réaliser le plan Dawes, que l’on a représenté aux ouvriers européens comme une victoire du principe pacifique et démocratique et qui n’est, en réalité, qu’un plan de rapine, dicté principalement par les impérialistes américains alliés aux banquiers anglais.

Ainsi donc, dans une série de questions fondamentales de politique extérieure, le gouvernement menchévik de Mac Donald a été un jouet entre les mains de la bourgeoisie anglaise.

L’attitude des ouvriers anglais envers l’U. R. S. S.

Pourtant, il est une question, celle de l’attitude envers l’U. R. S. S., dans laquelle la bourgeoisie anglaise s’est quelque peu fourvoyée.

La révolution russe, qui, comme un aimant, a attiré les cœurs des ouvriers du monde entier, a ému profondément les couches les plus arriérées, les plus routinières du prolétariat anglais et a laissé des traces profondes dans leur esprit. C’est ce qui explique entre autres l’accueil fait aux représentants des syndicats russes à Hull. Les masses anglaises s’intéressent extrêmement à l’U. R. S. S. Fréquemment, les militants syndicaux les plus modérés déclarent : « Admettons que les bolchéviks soient des barbares, qu’ils aient fait beaucoup de mal, cassé trop de vaisselle, toujours est-il qu’on ne peut leur refuser d’avoir balayé la bourgeoisie, d’avoir fait quelque chose de nouveau, d’avoir renversé le tsar et de ne s’être pas comportés avec lui aussi aimablement que Mac Donald et ses ministres envers le roi d’Angleterre. » C’est ce que les ouvriers anglais ont parfaitement compris.