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zon. Voici ce que disait lui-même Mac Donald de sa propre politique, dans son discours du 27 septembre à Derby :

Je défie n’importe quel libéral de démontrer à un électeur raisonnable que le nom, la réputation, la situation présente et l’avenir de notre pays aient souffert tant soit peu aux yeux du monde du fait de l’existence d’un gouvernement travailliste. (Times, 29 septembre 1924.)

En somme, Mac Donald tient à montrer à la bourgeoisie qu’elle n’a pas lieu d’être mécontente de lui et qu’il vaut bien Curzon ou Lloyd George.

Pourquoi la bourgeoisie anglaise avait besoin
d’un gouvernement “ ouvrier ”

Pourquoi la bourgeoisie s’est-elle risquée à livrer le pouvoir à Mac Donald, qui, quoique menchéviste avéré, est lié à la classe ouvrière ? Le jeu valait la chandelle. Curzon et Lloyd George avaient un intérêt capital à compromettre la force nouvelle qui se dressait devant eux et qui était le seul espoir des peuples coloniaux opprimés. Et ils ont obtenu à cet égard des résultats sérieux. Quand la classe ouvrière anglaise se sera débarrassée de ses traîtres et possédera un parti véritablement prolétarien, elle aura beaucoup à faire pour effacer, chez des centaines de millions d’esclaves coloniaux de l’Angleterre, l’impression que leur a laissée Mac Donald.

La bourgeoisie anglaise voulait faire accomplir par Mac Donald un certain nombre de besognes qu’elle ne pouvait confier à Curzon, dont les méthodes réactionnaires avaient soulevé l’indignation du peuple. Il lui fallait, avant tout, compromettre le parti ouvrier devant les peuples des colonies. Et elle y a réussi.

Il lui fallait s’immiscer dans la politique de la Chine. Avec Mac Donald, elle y est arrivée mieux qu’elle n’aurait pu le faire avec Curzon. La classe ouvrière anglaise n’a presque pas résisté à la politique impérialiste de Mac Donald en Chine. Le prolétariat russe a créé la Société Ne touchez pas à la Chine, qui, en Allemagne également, a rallié la sympathie des masses ouvrières. Le prolétariat anglais, lui, n’a pour ainsi dire presque rien entrepris contre la politique de Mac Donald à l’égard de la Chine, politique qu’il eût infailliblement combattue si elle avait été menée par un réactionnaire avéré comme Curzon.

Quant au plan Dawes, on l’a représenté presque comme une victoire du « socialisme constructeur », en tout cas comme une victoire du pacifisme, alors qu’il n’est qu’un formidable système d’oppression des ouvriers d’Allemagne et d’une série d’autres pays. Or, il était beaucoup plus commode aux capitalistes de le faire accepter par Mac Donald que par Curzon. A la conférence annuelle de son parti, à Newcastle, le leader des conservateurs a entièrement approuvé la politique de Mac Donald dans la question du plan Dawes, dont il a dévoilé les dessous.

A l’horizon politique, dit-il, deux projets d’emprunt sont à l’ordre du jour : l’emprunt allemand, sur la base du plan Dawes, et l’emprunt soviétiste sur la base des traités projetés par notre gouvernement et les représentants de la Russie Soviétiste. Il convient d’examiner chacun de ces emprunts d’un point de vue spécial. Je sais que dans les milieux industriels il existe une forte opposition à l’emprunt allemand, et l’on ne saurait nier