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exerceront une pression sur le gouvernement et en obtiendront des mesures réelles susceptibles d’améliorer leur existence. Le Labour Party se dissociera. Mac Donald, Clynes, Henderson et consorts résisteront évidemment aux revendications des ouvriers et nous aurons ainsi les prémisses de la constitution d’un parti communiste de masse en Angleterre.

4) Sous la pression des masses, le gouvernement Mac Donald, malgré l’esprit contre-révolutionnaire de ses membres, deviendra dans une certaine mesure le porte-parole des ouvriers. Il s’engagera alors entre lui et la bourgeoisie une lutte susceptible d’aggraver rapidement la crise en Angleterre et de la transformer en crise révolutionnaire.

Autant qu’on puisse le prévoir, la première et la quatrième éventualité ont peu de chances de se réaliser. Très probablement, le cours des événements suivra une ligne intermédiaire entre la deuxième et la troisième perspective.

Nous étions près de la vérité. En effet, durant ces neuf mois, la politique intérieure de Mac Donald a suivi une ligne intermédiaire entre les deux éventualités que nous venons d’indiquer.

Le but de la bourgeoisie anglaise : compromettre
le Labour Party devant les peuples coloniaux

La bourgeoisie anglaise est une des plus clairvoyantes du monde. Longtemps sa politique étrangère a fait sa force. Mais maintenant, c’est là qu’elle est le plus vulnérable, particulièrement dans la question de l’Inde, de l’Egypte et de la Chine.

Il n’est pas douteux que la bourgeoisie, qui jouait avec Mac Donald comme le chat avec la souris, avait surtout en vue de l’utiliser pour sa politique extérieure.

Curzon avait mené, particulièrement à l’égard de l’U. R. S. S. et des colonies anglaises, une politique excessivement brutale qui rendait impossible son maintien au pouvoir.

Dans les colonies anglaises, surtout dans l’Inde, la plus importante de toutes, on fondait, depuis plusieurs années, de grandes espérances sur le Labour Party. La population hindoue se disait que si le Labour Party venait au pouvoir, il aurait une politique différente de celle de ses prédécesseurs et que l’Inde pourrait respirer librement.

Il est certain que, dans l’expérience qu’ils tentaient avec Mac Donald, les représentants les plus perspicaces de la bourgeoisie avaient pour but principal de compromettre le Labour Party devant les colonies de l’Angleterre et surtout devant l’Inde, l’Egypte et l’Irlande, auxquelles est venue maintenant s’ajouter la Chine.

La bourgeoisie est-elle arrivée à ses fins ? Oui, dans une large mesure. Le gouvernement Mac Donald est fortement compromis devant les peuples coloniaux d’Angleterre. Il y a quelques mois, Hindous, Irlandais et Egyptiens se disaient : Curzon et Lloyd George sont des représentants des classes possédantes, nous ne devons pas juger par eux de toute l’Angleterre ; la classe ouvrière, le Labour Party, aura une autre politique. Mais, maintenant, ils ne peuvent plus continuer à tenir ce langage. En effet, le gouvernement Mac Donald a mené et mène à l’égard de l’Egypte, de l’Inde et de l’Irlande l’ancienne politique, c’est-à-dire une politique aussi impérialiste, aussi spoliatrice, aussi esclavagiste que celle de Cur-