Page:Les Cahiers du Militant N° 6 - La Question Anglaise.pdf/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrière afin de se la concilier. Mac Donald ne s’est même pas permis ce luxe.

Arrivé au pouvoir, il commença par faire adopter le budget établi par Curzon, alléguant qu’il n’avait pas eu le temps de préparer un nouveau budget pour l’année en cours. C’est pourquoi il pria les ouvriers de se résigner à l’ancien budget pour 1924. Les leaders des trade-unions consentirent facilement à lui faire crédit sur ce point.

Dans la question importante du chômage, Mac Donald trompa odieusement la classe ouvrière. On espérait qu’il aiderait les sans-travail. Non seulement il ne leur donna rien, mais il intervint contre le poplarisme, c’est-à-dire contre le mouvement qui a pris naissance dans un des faubourgs de Londres, où la municipalité se trouve aux mains des trade-unions et où les militants syndicaux dirigés par Lansbury mènent une politique d’aide aux ouvriers et, en particulier, aux chômeurs. Mac Donald s’éleva contre cette politique, déclarant que c’était là une charité que ne pouvait se permettre le gouvernement.

Il assigna, on le sait, des sommes importantes pour la construction de cinq dreadnoughts et continua la politique militariste de ses prédécesseurs, au lieu de la réfréner comme il l’avait promis avant les élections. Et, lorsque, tout dernièrement, on le lui reprocha à la conférence du Labour Party, il se retrancha derrière le chômage et déclara : « Je construis cinq dreadnoughts pour donner du travail à deux mille ouvriers. » A quoi un secrétaire d’un syndicat lui répondit par cette question ironique : « Ne conviendrait-il pas, en ce cas, de déclarer une petite guerre pour occuper encore plus de sans-travail ? »

Mac Donald en vint même à intervenir cantre les grèves économiques. Un mois avant sa chute, dans sa préface à son livre Le Socialisme critique et constructeur, il écrivait que les grèves économiques étaient un moyen arriéré et que les ouvriers devaient y renoncer.

Il faut, disait-il, souligner que l’aide sociale, comme le poplarisme, et les grèves pour l’augmentation des salaires et la réduction de la production, loin de mener au socialisme, peuvent faire dévier le mouvement socialiste.

En un mot, dans sa politique intérieure, Mac Donald s’efforça autant qu’il le put de complaire à la bourgeoisie anglaise.

La justesse du pronostique de l’I. C.

Quand Mac Donald vint au pouvoir, nous nous demandions quel allait être le sort de son gouvernement et, à ce propos, nous indiquions quatre éventualités :

1) Le gouvernement Mac Donald ne sera qu’un épisode éphémère ; il sera renversé par un vote quelconque dans un avenir rapproché et disparaîtra sans laisser de traces.

2) Mac Donald et consorts s’adapteront si bien à leur situation qu’ils deviendront les auxiliaires avantageux des impérialistes anglais qui les laisseront au pouvoir pendant un temps assez long pour leur faire mener leur politique et compromettre le Labour Party devant la classe ouvrière anglaise, à laquelle ils n’apporteront que déceptions.

3) Il peut se produire une différenciation dans le Labour Party lui-même. Son aile gauche se renforcera, les masses ouvrières