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intérêts et victorieuse du capitalisme, mais par la volonté de la bourgeoisie et que, par suite, sa domination serait extrêmement instable. Il a suffi d’un simple geste de Baldwin et de Lloyd George pour obliger Mac Donald à abandonner le pouvoir.

C’est ce détail que n’ont pas remarque les représentants de la IIe Internationale. Ils ont cherche et réussi, dans une certaine mesure, à faire accroire au prolétariat que le gouvernement Mac Donald était véritablement celui de la classe ouvrière. Ils lui ont représenté la combinaison parlementaire spéciale découlant de la situation particulière à l’Angleterre à un moment donné comme une victoire de la nouvelle tactique pacifique du « socialisme constructeur ».

Comment les travaillistes sont arrivés au pouvoir

Ces dernières années, les élections parlementaires ont été fréquentes en Angleterre.

En 1922, les conservateurs avaient triomphe avec 5.554.648 voix et 346 mandats. Les libéraux avaient eu 4.130.753 voix et 115 sièges ; le Labour Party, 4.202.516 voix et 142 sièges. Aux élections de 1923, les conservateurs, avec 40.000 voix de moins seulement, perdirent 89 sièges au Parlement. Leur échec fut dû à la dissension qui s’était mise entre eux et les libéraux, ainsi qu’au système moyenâgeux des circonscriptions électorales (bourgs pourris) encore en vigueur dans l’Angleterre actuelle. Ils obtinrent 257 mandats, le Labour Party 192, les libéraux 156.

A cette époque, la politique brutale, ouvertement réactionnaire des conservateurs, personnifiée par Curzon, commença à exaspérer les masses populaires. Voyant l’impossibilité de la continuer, les libéraux cherchèrent une formule nouvelle, ce qui aggrava leur désaccord avec les conservateurs. Ne parvenant pas à s’entendre, ces deux partis qui, depuis des siècles, se succédaient à peu près régulièrement tous les dix ans au pouvoir, décidèrent de remettre les rênes de l’Etat entre les mains de Mac Donald, de faire une expérience, qui, ils l’espéraient bien, ne réussirait pas.

Mac Donald, soutenu par les libéraux, fut chargé de former le ministère. Ainsi, il ne pouvait gouverner qu’avec l’appui de ces derniers, car il n’avait pas la majorité au Parlement et n’était pas homme à prendre des mesures révolutionnaires. Son expérience dura presque neuf mois.

La politique intérieure de Mac Donald

La politique intérieure de Mac Donald a été telle que les représentants les plus exigeants de la bourgeoisie ne pouvaient trouver a y redire. Même dans les questions professionnelles, Mac Donald, quoiqu’il dépendit des syndicats, mena ouvertement la politique de la bourgeoisie. Il trahit le prolétariat, parfois encore plus que ne l’avaient fait les libéraux et les conservateurs. Les partis bourgeois anglais, on le sait, se plaisaient parfois, dans certaines questions de détail, à donner satisfaction à l’amour-propre des ouvriers. Engels et surtout Lénine ont expliqué comment la bourgeoisie anglaise, exceptionnellement favorisée par rapport aux Etats continentaux, grâce aux surprofits retirés des colonies, pouvait s’offrir le luxe de jeter quelques miettes de ses bénéfices à l’aristocratie