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Jamais les Soviets russes n’ont été si populaires parmi les masses ouvrières que maintenant. En 1920-1922, pendant les années de famine, l’idée du pouvoir soviétiste n’avait pas une telle force d’attraction parmi les ouvriers réformistes. Maintenant, tous les ouvriers, même menchéviks, savent que notre situation s’améliore. Si les salaires, chez vous, sont encore inférieurs aux nôtres, disent-ils, par contre vous allez de l’avant tandis que l’Europe décline. Dans un an ou deux, la question du rendement du travail dans nos usines aura véritablement une importance internationale. Lors de son dernier séjour à Moscou, Fimmen racontait qu’il avait reçu du président d’un syndicat des transports fluviaux, réformiste avéré et adversaire de Moscou, une lettre suggestive. Ce réformiste, informé des conditions de travail faites en Russie, écrivait à Fimmen : « Si c’est là la vérité, on nous a indignement trompés ».

Notre travail quotidien a donc une importance immense pour la propagande du communisme. Même réformistes, les ouvriers restent des ouvriers. Quand on leur disait que la famine et l’anthropophagie régnaient en Russie, que les ouvriers y étaient asservis, ils ne comprenaient pas la Révolution russe. Mais quand ils voient l’avers de la médaille : liberté des ouvriers, accroissement de la production, amélioration de la situation générale, le pouvoir soviétiste leur apparaît ce qu’il est véritablement : le régime le plus désirable.

Nous avons tout lieu d’être satisfaits de l’expérience de ces neuf derniers mois. Nous suivrons évidemment avec le plus grand intérêt la campagne électorale en Angleterre. On dit que nous envoyons des agitateurs communistes parmi les ouvriers anglais. Les bourgeois, comme Hughes, se figurent parfois que nous pouvons à chaque instant, expédier dans chaque pays autant d’agitateurs que nous le voulons. Par malheur, il n’en est pas ainsi. Maintenant, les bourgeois et les menchéviks eux-mêmes se chargeront de propagander nos idées, de travailler en faveur de l'Union Soviétiste. Nous espérons qu’en défendant leur peau et en essayant de terrasser Lloyd George et Baldwin, les leaders du Labour Party seront maintenant obliges de dire la vérité sur l’U. R. S. S. Et la classe ouvrière d’Angleterre verra que l’Union des Républiques Soviétistes montre la voie à tous les pays et que, dans le monde, ce n’est pas le « socialisme constructeur » qui triomphe, mais le léninisme.

G. Zinoviev.