Page:Les Cahiers du Militant N° 6 - La Question Anglaise.pdf/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les représentants de la nouvelle tactique pacifiste montreront ce qu’ils savent faire. En réalité, l’ère démocratico-pacifiste touche déjà à sa fin. Ce n’est qu’un épisode historique assez intéressant, qui peut se répéter sous une forme ou sous une autre dans différents pays mais qui n’en reste pas moins un épisode. Les antagonismes de classe s’accentuent. La bourgeoisie et le prolétariat sont face à face, prêts a s’élancer l’un contre l’autre.

L’influence grandissante des Soviets.

Ne nous plaignons donc pas de la lenteur du cours des événements. Songeons au temps où Lénine et ses compagnons d’armes posaient les fondements de l’I. C. et de notre parti. Il se passait alors moins d’événements graves en dix ans que maintenant en dix jours. L histoire nous comble. Chaque mois, chaque semaine nous apporte quelque chose de nouveau.

Le spectacle est vraiment digne d’intérêt. En Angleterre, forteresse du capitalisme, le parti le plus important de la IIe Internationale, pour se défendre, devra, sous la pression des ouvriers, combattre pour les bolchéviks. Quelle est la cause de cet événement inattendu ? En dernière analyse, la marche des événements n’est pas déterminée par notre diplomatie, mais par des choses simples comme le développement de la lutte de classes, sur laquelle sont basés le marxisme, le léninisme, l’I. C. et notre parti. Malgré ses préjugés contre le bolchévisme, le prolétariat anglais avec sa forte aristocratie ouvrière sent et voit la justesse de notre cause et ne se laissera pas abuser.

Sous l’influence du développement des antagonismes de classes, il se produit une différenciation au sein de l’internationale Syndicale d’Amsterdam. A la dernière conférence de Vienne, les délégués des syndicats anglais, au cours de leur polémique avec les délégués allemands, leur ont posé cette question : « Dites-nous plutôt où sont Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg ? » En d’autres termes : « Caïn, qu’as-tu fait de ton frère Abel ? » Voilà un exemple de divergences de vue dans l’organisation des Amsterdamiens.

Au sein de la classe ouvrière anglaise, la différenciation également a commencé et c’est là un événement d’une portée mondiale. Marx déjà avait dit que la révolution sans l’Angleterre ne serait qu’une tempête dans un verre d’eau, car l’empire anglais est un empire mondial.

Ainsi donc, toutes les tentatives de nos adversaires de nous discréditer se retournent contre eux. Le gouvernement « ouvrier » de Mac Donald n’a-t-il pas été la meilleure propagande en notre faveur ?

Que devons-nous désirer des prochaines élections anglaises ? Nous souhaitons de tout cœur la victoire à l’honorable Mac Donald. Qu’il triomphe aux élections et gouverne l’Angleterre pendant neuf, dix-huit mois et même davantage, quoique, en réalité, il soit plus gouverné que gouvernant. Qu’il continue son expérience, qu’il montre au monde comment les menchéviks construisent « pacifiquement » le pouvoir ouvrier. La leçon sera instructive. Nous qui avons appris à l’école de Lénine à créer un pouvoir ouvrier véritable, nous lui souhaitons la victoire, mais nous ne pleurerons pas s’il est battu. Dans l’un et l’autre cas, le mouvement ouvrier anglais ne cessera de se développer. Durant ces neuf derniers mois, il a fait de grands progrès. Les sympathies des ouvriers anglais pour l’Union Soviétiste augmentent.