Page:Les Cahiers du Militant N° 6 - La Question Anglaise.pdf/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Certains camarades se plaignent que la révolution mondiale tarde à venir et se demandent si l’Internationale Communiste n’en est pas un peu responsable. Il faut reconnaître que le révolutionnement de l’Europe occidentale pourrait s’effectuer plus rapidement. En réalité, l’I. C. peut et doit travailler encore plus énergiquement. Pourtant, en toute conscience, nous ne pouvons nous plaindre de la lenteur des événements. La course de l’histoire, comme le disait Lénine, n’est pas si lente qu’on veut bien le dire, puisque, en ces neuf mois, nous avons vu et l’avènement de la IIe Internationale au pouvoir dans une série de pays et le début de sa retraite, en même temps que des symptômes sérieux de révolutionnement des ouvriers.

L’ère démocratico-pacifiste
n’est qu’un épisode historique

Tout récemment encore, on parlait de l’avènement d’une ère démocratico-pacifiste. Gouvernement travailliste en Angleterre ; en France, Bloc des Gauches, soutenu par les socialistes ; gouvernement social-démocrate au Danemark ; cabinet Davidovitch en Yougoslavie ; demain, gouvernement socialiste en Belgique, etc. En un mot, c’était, disait-on, l’épanouissement du « pacifisme démocratique ». Quelques camarades se hâtèrent d’en conclure que la révolution prolétarienne mondiale était ajournée pour longtemps, qu’une nouvelle période de développement capitaliste s’ouvrait et qu’il fallait, en conséquence, modifier notre tactique. Le 5e Congrès de l’I. C. a dû constater que la bourgeoisie tente un nouveau procédé de gouvernement par l’intermédiaire des menchéviks, des hommes de la IIe Internationale, car elle ne peut plus gouverner avec les anciennes méthodes et confier le pouvoir à des réactionnaires avérés. Elle est oblige de s’affubler du masque du pacifisme et de la démocratie et d’appeler au pouvoir une deuxième fois après la guerre les représentants de la IIe Internationale. Dans son analyse de la situation, le Ve Congrès de l’I. C. est arrivé à la conclusion que cette période sera de courte durée, que la mascarade de la bourgeoisie atteste non pas sa force, mais sa faiblesse. Ce n’est pas de cœur joie que la bourgeoisie recourt à ces méthodes, mais parce que le peuple devient de plus en plus conscient.

Chaque changement de système, chaque passage du fascisme au pacifisme, de la démocratie à la dictature blanche et vice versa ébranle les fondements du monde bourgeois. L’ère démocratico-pacifiste passera et la révolution viendra. Notre tâche, au moment où nos ennemis se cachent et se déguisent, est de les démasquer et de rester des bolchéviks irréductibles. De là, entre autres, la nécessité de la bolchévisation de nos partis.

Que voyons-nous maintenant ? Si Mac Donald ne revient pas au pouvoir, s’il est remplacé par Curzon et Lloyd George, que restera-t-il de la fameuse « ère » démocratico-pacifiste ? Absolument rien.

En France également, le pacifisme se fane avant d’avoir eu le temps de s’épanouir. Le Bloc des Gauches qui, par ses promesses fallacieuses, avait, il y a quelques mois, rallié les suffrages d’un grand nombre d’ouvriers, a maintenant beaucoup perdu de son prestige. Herriot se débat au milieu de difficultés financières sans nombre.

Les menchéviks déclarent : « Il est maintenant définitivement prouvé que Lénine est le représentant de l’ancienne tactique sanglante qui ne vaut absolument rien ; mais Mac Donald et Herriot,