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candidature aux élections parlementaires. Néanmoins, il ne faut pas oublier que leur situation n’en est en rien modifiée.

A la dernière minute, Mac Donald a essayé de se concilier la faveur de la bourgeoisie en lui montrant qu’il était prêt à pourchasser les communistes. Mais il était déjà trop tard et la bourgeoisie lui a dit : Tes bonnes intentions ne suffisent pas ; les ouvriers ne sont pas tous de ton avis ; tu en as 1.800.000 pour toi et 1.500.000 contre ; le traité anglo-soviétiste provoque l’enthousiasme dans les masses prolétariennes ; la jonction des ouvriers russes et anglais s’est faite malgré toi et, puisqu’il en est ainsi, va-t’en. Voilà ce qui explique la crise parlementaire.

A quoi aboutiront les élections anglaises ?

Quel sera le résultat des élections ? Certes, il est difficile d’être prophète, particulièrement quand il s’agit d’un pays étranger que nous avons peu étudié et que nous connaissons relativement mal. Autant qu’on puisse en juger à l’heure actuelle, il y a bien peu de chances que Mac Donald revienne au pouvoir ― ce qui ne veut pas dire que son Parti ne fournira pas des ministres au nouveau cabinet et ne jouera pas longtemps encore un rôle important dans les combinaisons gouvernementales. Ce n’est pas pour ramener immédiatement Mac Donald au pouvoir que la bourgeoisie anglaise vient de le renverser. Il faut s’attendre maintenant à la constitution, sous une forme ou sous une autre, d’un bloc entre conservateurs et libéraux. Mac Donald n’aura pas la majorité absolue au Parlement, mais peut être obtiendra-t-il la majorité relative. Il a pour lui les ouvriers devant lesquels il n’a pas encore eu le temps de se compromettre autant que devant les peuples des colonies. D’après les usages parlementaires anglais, le parti qui détient la majorité relative doit former le cabinet. Mais quand la classe ouvrière s’ébranle, quand la bourgeoisie sent un danger sérieux pour elle, les traditions parlementaires passent au second plan. Si les capitalistes avaient voulu faire une pression sur Mac Donald, dans la question du traité anglo-soviétiste par exemple, ils auraient pu arriver à leurs fins sans recourir à la dissolution du Parlement. Mac Donald leur aurait obéi.

Si la bourgeoisie a cru devoir provoquer la dissolution du Parlement et les nouvelles élections qui en sont la conséquence, ce n’est vraisemblablement pas pour redonner le pouvoir au gouvernement travailliste. Certes, elle redoute quelque peu les ouvriers et si ces derniers remportent une grande victoire électorale, peut-être n’osera-t-elle pas leur résister et sera-t-elle obligée de rappeler Mac Donald au pouvoir. Mais c’est là une éventualité peu probable. Le parti libéral vraisemblablement sera écrasé entre deux meules : les conservateurs et le Labour Party, qui, tout porte à le croire, accroîtront le nombre de leurs voix. Une partie des libéraux ira aux conservateurs, une autre aux ouvriers. Maintenant déjà, un certain nombre de libéraux sont passés au Labour Party, qui, ils le voient, fait en somme leur politique. Il est possible que le pouvoir échée soit aux conservateurs, soit aux travaillistes soutenus respectivement les uns par la droite, les autres par la gauche du parti libéral. En tout cas, que Mac Donald soit écarté du pouvoir ou, y revienne, le révolutionnement de la classe ouvrière anglaise se poursuivra lentement, mais sûrement.

Si Mac Donald échoue aux élections et que Curzon soit appelé à