Page:Les Cahiers du Militant N° 6 - La Question Anglaise.pdf/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ouvrière. Si le gouvernement travailliste avait proposé un emprunt de 50 millions de livres pour écraser la Russie, les conservateurs et les libéraux l’auraient applaudi et il n’y aurait pas eu besoin d’organiser de nouvelles élections. Ainsi donc, la crise politique que nous traversons est Le résultat direct de la lutte des capitalistes contre la Russie. Une grave lutte économique va s’engager. Le capitalisme anglais s’est empêtré dans des difficultés inouïes, non pas par suite du manque de capacité ou d’énergie de ses représentants, mais, en vertu de son caractère même. Il a atteint ses extrêmes limites, il n’a plus d’issue et telle est la raison véritable de la crise actuelle. (Daily Herald, 6 octobre 1924.)
Il faudra défendre également Campbell

Prenons par exemple l’affaire Campbell qui a servi de prétexte à la dissolution du Parlement. Actuellement, le parti communiste anglais est encore faible. Il possède un hebdomadaire dirigé par Campbell. Ce dernier, il y a quelque temps, publia un appel dans lequel il exhortait les soldats a ne pas tirer sur les grévistes. Mac Donald, furieux, ordonne de le déférer aux tribunaux et le fit arrêter. Mais les ouvriers anglais jugèrent qu’il était raisonnable de recommander aux soldats de ne pas tirer sur les grévistes.

Les communistes ne sont encore en Angleterre qu’une minorité, de sorte qu’il n’y a pas contre eux d’hostilité marquée dans les milieux ouvriers. Campbell n’avait fait qu’exprimer l’opinion de la majorité des travailleurs. Le gouvernement Mac Donald fut obligé de le relâcher et de clore l’affaire par un non-lieu. Ce fut là la pelure d’orange qui fit glisser Mac Donald. Conservateurs et libéraux ne lui pardonnèrent pas sa reculade et décidèrent de le renverser sur cet incident. Maintenant, Mac Donald et ses amis devront démontrer à la classe ouvrière anglaise qu’il n’y avait pas lieu d’arrêter Campbell ni de le poursuivre. L’histoire, on le voit, est des plus curieuses.

En Allemagne, on n’en est plus à ces méthodes de lutte. Dans ce pays, il y a déjà eu des corps-à-corps, des guerres civiles où les communistes étaient d’un côté de la barricade et les social-démocrates de l’autre. En Angleterre, les antagonismes de classe ne sont pas encore aussi aigus. Communistes et social-démocrates ne se sont pas encore combattus l’arme à la main. De là la situation équivoque du Labour Party.

Mac Donald est chargé par la bourgeoisie de la débarrasser des communistes, et il s’y emploie de son mieux. La veille de sa chute, il les faisait exclure du Labour Party. Sa motion, il est vrai, n’a été adoptée qu’à une majorité insignifiante : 1.800.000 voix contre 1.500.000.

Le résultat de ce vote, comparativement aux précédents — dit le Times dans son numéro du 8 octobre — saute aux yeux. La raison en est incontestablement que les communistes se sont fortifiés dans les trade-unions, où ils sont très actifs et jouissent de tous les droits et obligations de syndiqués. Fréquemment ils sont représentés dans les organes dirigeants. Tout récemment encore, les mineurs ont élu à la direction de leur union un communiste connu. Les chiffres précités montrent qu’un grand nombre de congressistes ne voulaient pas exclure les communistes, mais la majorité est assez considérable pour dicter au Parti une tactique déterminée et, si les résolutions adoptées sont appliquées, les communistes ne pourront plus, l’année prochaine participer comme délégués aux conférences du Parti ni poser leur