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Un rôle auquel n’est pas accoutumé Mac Donald

Comment se déroulera la lutte des partis dans cette campagne électorale ? Quelle sera la position du Labour Party ? Comme on la vu, Mac Donald est loin de sympathiser à la Russie. Il a trempé dans l’aventure géorgienne. Leader de la IIe Internationale, il n’a jamais cessé de songer à déshonorer le communisme aux yeux des ouvriers. Pourtant, dans leur campagne électorale actuelle, les chefs du Labour Party seront obligés de dire la vérité sur l’U. R. S. S., c’est-à-dire de faire de la propagande pour l’Union Soviétique. Qu’ils le veuillent ou non, ils devront non seulement renoncer à calomnier le pays des Soviets, mais le glorifier devant les masses anglaises.

La presse bourgeoise britannique elle-même ne se fait pas faute de signaler la position équivoque de Mac Donald.

Voici ce qu’écrivait à ce sujet le Daily News (organe des libéraux) un peu avant la chute du gouvernement travailliste :

Si la dissolution du Parlement se produit sur la question russe, il faut bien se dire qu’aux nouvelles élections, chaque ouvrier, même de droite, prendra position en bolchévik.

Il est des cas curieux. Les menchéviks russes se sont trouvés dans une situation analogue à celle des leaders du Labour Party. Tout récemment, Abramovitch et Tsérételli faisaient, à une séance du Comité Exécutif de l’Independent Labour Party un rapport sur « les horreurs de la répression en Géorgie ». On les écoutait plus ou moins attentivement. A la fin, quelqu’un leur demanda : « Faut-il tout de même ratifier le traité anglo-soviétiste ? » Et nos honorables menchéviks durent déclarer à contre-cœur : Oui, malgré tout, il faut le ratifier. Ils comprennent qu’il est impossible au Labour Party de ne pas ratifier le traité, parce que telle est la volonté des masses et qu’il se discréditerait à leurs yeux s’il s’y refusait. Et, pour faire chorus avec leurs patrons, les leaders travaillistes, ils se prononcent pour cette ratification.

Oui, l’histoire est parfois paradoxale : en ce moment, le parti le plus important de la IIe Internationale, mis au pied du mur, doit faire sa campagne électorale dans une large mesure au profit des Soviets. Mac Donald et ses confrères seront obligés de trouver aux élections des arguments sérieux en faveur de l’U. R. S. S., sinon, leur échec est à peu près certain.

C’est ce que confirment les événements actuels. Voici ce qu’a dû dire le ministre de l’Hygiène publique, Whitley, à ses électeurs de Birmingham :

Hier, nous étions au fort de la lutte économique de classe ; ces élections donneront une impulsion à la lutte politique de classe. Je vous demande de ne pas vous y dérober et de ne pas trahir votre classe. Je demande au prolétariat de Birmingham d’oublier tous les anciens désaccords politiques et d’entrer dans la lutte comme une classe unique, debout tout entière contre ceux qui veulent l’anéantir. Les événements n’ont rien de fortuit. Ils découlent naturellement de la situation économique et politique. Nos adversaires ne consentent pas à la paix avec la Russie. Ils veulent lui faire la guerre. Le pouvoir soviétiste a mis le capitalisme au rancart. Son rôle ne se borne pas à défendre les ouvriers russes, il travaille pour le bien des ouvriers du monde entier. Voilà pourquoi tous les ennemis de la classe ouvrière veulent écraser la Russie avant qu’elle ne se soit militairement et économiquement affermie. Il ne s’agit pas d’une question d’argent, d’un emprunt, mais des intérêts de la classe