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qui concerne la Chine. Ils ne peuvent également qu’applaudir au discrédit qu’a jeté sur le gouvernement ouvrier la politique de Mac Donald en Egypte, en Irlande et dans l’Inde. Mais Mac Donald a commis une « lourde faute » : il a signé le traite anglo-sovietiste.

Comme on l’a vu, le traité lest commercialement plus avantageux pour les capitalistes anglais que pour l’U. R. S. S. Les capitalistes anglais cherchent des marchés et savent parfaitement que la Russie peut être pour eux un immense débouché. L’économie russe se relève et les Anglais suivent attentivement ses progrès. Ils savent, par exemple, que la Russie a un très grand besoin d’objets textiles. Les capitalistes américains savent que la Russie leur achète du coton pour des dizaines de millions de roubles. Quelques-uns d’entre eux, esprits bornés, déclarent qu’elle le fait pour obtenir sa reconnaissance de jure. Grosse erreur ! Le coton est beaucoup plus précieux pour la Russie que le droit bourgeois. Avec le coton, elle produira des étoffes et les enverra à la campagne, mais sa seule reconnaissance par un pays, même aussi opulent que l’Amérique, ne lui donnera pas une seule pelisse, pas un seul caftan.

Pourtant, quoique le traité anglo-soviétiste lui soit avantageux, la bourgeoisie anglaise pousse les hauts cris. Pourquoi ? Parce que la bourgeoisie anglaise et américaine, la plus riche du monde, ne se règle pas toujours uniquement sur des questions commerciales. Elle sait parfois s’élever au-dessus de ses intérêts commerciaux immédiats et mettre en premier plan ses intérêts généraux de classe. C’est pourquoi elle juge le traité anglo-soviétiste inadmissible pour elle. Elle a voué, en effet, une haine farouche, irréductible à la révolution russe victorieuse.

Les prolétariats russe et anglais

La situation, semblait-il, était pour l’U. R. S. S. la plus défavorable qui pût se concevoir. La bourgeoisie avait mis à la tête du gouvernement un des leaders les plus expérimentés de la IIe Internationale, en même temps qu’un des adversaires les plus irréductibles du pouvoir soviétique. Avant son avènement, Mac Donald, dans un article sur la politique internationale du Labour Party, déclarait qu’il ne tolérerait pas les « turlupinades » des diplomates soviétistes. Dans ce même article, il écrivait : « Seule, la IIe Internationale fermer et bien informée… a supporté tout le poids de la lutte contre le bolchévisme au moment de l’apogée de sa force, et ce n’est qu’en continuant cette politique que l’on arrivera à se débarrasser cette ivraie. »

Ainsi donc, le gouvernement « ouvrier » était dirigé par un homme qui, pour des raisons faciles à comprendre, était prêt à faire toutes les saletés possibles au pays des Soviets et à l’Internationale Communiste. Les leaders travaillistes menaient une campagne furieuse contre nous, exploitant les moindres « faits » pour nous discréditer. Or, quelques mois ont passé et que voyons-nous ? La classe ouvrière russe a opéré sa jonction avec la classe ouvrière anglaise. Cette jonction, il est vrai, n’a été qu’un succédané de ce qui aurait pu être si nous avions eu l’alliance de deux gouvernements véritablement prolétariens. Mais les ouvriers des deux pays se sont compris. Quelque modérée, quelque traditionaliste que soit la classe ouvrière anglaise, elle nous a tendu la main. Lorsque les politiciens ont voulu faire échouer à la dernière minute le traité anglo-sovietiste, elle a forcé Mac Donald à le signer.