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l’Europe réagira. Et comme les autres ne sont pas nous, et n’ont jamais été nous, et qu’ils n’ont aucune envie ni aucune possibilité de le devenir, malgré certaines apparences trompeuses, et les propos de nos humanitaires, il y a toutes les chances pour qu’elle ne dise pas comme nous, pas plus que la première fois ; pour, étant autre, qu’elle dise autrement que nous, et qu’elle en vienne aisément à dire et faire contre nous. Et alors tous nos pacifistes et nos antimilitaristes sauront le prix de la guerre. Défendant un ordre, ou un désordre nouveau, ils feront d’ailleurs des guerres merveilleuses. Du moins il faut l’espérer. Ces pacifistes et ces antimilitaristes font toujours, quand il faut, des soldats admirables. N’est-ce pas d’ailleurs une guerre qu’ils soutiennent perpétuellement contre nous, contre la nation, un commencement de guerre civile ; déjà une guerre ; des préparations, des exercices, militaires, des apprentissages, des grandes manœuvres de guerre civile. Qui leur donnent un certain entraînement. Quel peuple était plus pacifique, plus pacifiste, officiellement et réellement, formellement et intentionnellement, que le peuple français à la veille de cette grande secousse, militaire. Une moitié l’était spirituellement, hélas, avec Voltaire ; une moitié avec Rousseau l’était sensiblement. Jamais on ne fut tant aux larmes, et au bêlement de la paix. Quelques années ne s’étaient point écoulées que ce peuple inscrivait la plus merveilleuse épopée militaire que le monde ait jamais eu à enregistrer. Aujourd’hui nous sommes reconduits à la même situation, à une situation très analogue. Dieu veuille qu’elle ait au moins la même grandeur, à défaut de la réussite, qui temporelle n’est jamais