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nement réel passe, nous avons vu, nous connaissons, tout le monde a vu, sous nos yeux nous voyons tous les jours que par là même et automatiquement devenant l’événement historique automatiquement aussi et en cela même il devient presque instantanément événement historique ; d’événement réel qu’il était, qu’il venait d’être, qu’il était à l’instant, événement historique : moins que rien, une cendre, en comparaison du réel. Une cendre temporelle. Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. Le siècle temporel ne laissera, déjà ne laisse qu’une poignée ; moins qu’une poignée ; moins qu’une pincée de cendres : une (vague) traînée de cendres temporelles. Et non seulement des cendres ; mais des cendres disparates ; et les plus inconsistantes du monde. Des traces de cendres, ce que nous lisons dans les analyses (chimiques) d’eaux minérales, sur les étiquettes collées sur les bouteilles. Non seulement le monde est cendre et il retournera en cendre. Mais d’une part cette cendre n’est point une cendre complète. C’est une cendre infiniment incomplète. Une poussière de cendres. Et d’autre part déjà nous voyons qu’il y retourne tous les jours. Et que tous les jours du temps il y est retourné. Memento, qu’il se rappelle : il n’a pas même à se rappeler. Car c’est tout de suite, c’est à présent, c’est à chaque instant que s’accomplit sous nos yeux la tombée en cendre, la finale et irrévocable, la définitive, la déjà temporellement éternelle incinération et délitation cinéraire. Sons nos yeux le jugement temporel s’accomplit tous les jours, les siècles s’accomplissent tous les temps. Sous nos yeux à mesure que tout l’événement, sur un seul front, sur un immense front (comme un immense camp d’Israël qui tomberait