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arrivait pour sa visite du matin, je crus devoir aller au-devant de Sa Majesté, pour lui annoncer la malheureuse catastrophe, et l’engager à ne pas entrer dans l’appartement infecté de miasmes putrides ;…

Vous voyez que j’avais bien raison de vous dire qu’il y avait déjà plusieurs jours que ce malheureux ne m’appartenait plus, qu’il était hors de mes frontières, qu’il avait passé, que son corps avait passé les frontières de mon (étroit) domaine. Je ne suis pas comme l’empereur Napoléon, moi : je n’entre pas dans un appartement infecté de miasmes putrides. Je suis comme ces deux valets de chambre : De terribles secousses morales et physiques avaient ébranlé ma santé ; ma blessure, fort simple d’abord et facile à guérir, si, après l’avoir reçue, j’eusse pu jouir de quelque repos de corps et d’esprit, s’était horriblement enflammée, pendant les dix jours que je venais de passer dans de terribles angoisses et des fatigues continuelles ; car personne ne m’avait secondé dans les soins qu’exigeait l’affreuse position du maréchal, pas même ses deux valets de chambre. L’un d’eux, espèce de mirliflor, avait abandonné son maître dès les premiers jours, sous prétexte que la mauvaise odeur des plaies lui soulevait le cœur. Le second valet de chambre montra plus de zèle, mais les émanations putrides, qu’une chaleur de 30 degrés rendait encore plus dangereuses, le forcèrent à garder le lit, et je fus obligé de faire venir un infirmier militaire, homme rempli de bonne volonté, mais dont la figure inconnue, et surtout le costume, paraissaient déplaire au maréchal, qui ne voulait rien prendre que de ma main. Je le veillai donc jour et nuit ;…

D’ailleurs, il avait trop traîné, ce maréchal. Il avait