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candidat à devenir de la matière d’hôpital. C’était par le chemin de ce village allemand. Il avait eu cette affaire avec le maréchal Bessières, ou plutôt sur le maréchal Bessières. Une route vers Essling, une route vers Aspern. Ces journées du Danube et de Vienne qui tiraient déjà, qui montraient déjà la corde, qui sentaient, qui annonçaient les difficultuosités des difficultés ultérieures, les lointaines et déjà prochaines acrimonies, étroitesses, les imminents étranglements, les resserrements, les pénuries, les parcimonies des finales, des définitives retraites, du désastre. Ah c’était des batailles, des victoires d’âge mûr, des batailles querellées. Des victoires alourdies. Ce n’étaient plus les jeunes, les belles batailles de jeunesse et d’enfance de la campagne d’Italie. Les souples, les sveltes batailles élancées. Quand on est jeune ils avaient eu des matins triomphants. L’archiduc Charles ne conçut pas moins que (l’espoir) (et le projet) de jeter l’armée française dans le Danube. C’était déjà une idée bien hardie pour un Autrichien. Mauvais signe : les Autrichiens, (les (anciens) Impériaux) commençaient d’(oser) avoir des idées ; bien hardies. Qu’un archiduc eût eu l’idée de jeter une armée française dans un Danube, c’était grave. Le moins grave est qu’il y faillit réussir. Le Danube aussi eut l’idée de déborder. Et puis à force de se battre on perdait du monde. On s’usait. On perdit Saint-Hilaire. On perdit notamment Lannes, Jean Lannes. Les ambulances. La destruction de l’armée française ? On perdit Pouzet. Une centaine de pas dans la direction de Stadt-Enzersdorf. Assis au bord d’un autre fossé. Quelques sombres réflexions au bord d’un fossé, la main sur les yeux, et les jambes croisées l’une sur l’autre,… lorsqu’un petit boulet de