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en privé), de toutes ces questions de drogue. Vous me parleriez d’ipéca. Cela sent, mon ami, l’infirmerie régimentaire. Vous me parleriez de pilules, de médecins et de pharmaciens. Laissons tous ces herboristes. Les chambres de malade ne sont pas mon affaire. Et les liniments. Et les flacons. Et les potions. Et les tisanes, qui sont trop sucrées. Comment pouvez-vous boire ça ? Ces tisanes fades, ces boissons, cet air fade. Tout cela fait si mal au cœur. Tous les malades sont pour moi des malades imaginaires. Il me faut une mort bien fauchée. En fait d’hôpitaux il ne me faut que des hôpitaux de campagne. Et encore, hein, il ne faut pas trop en parler. Je ne suis pas de semaine. Les hôpitaux publics et privés ne sont pas mon fait. Je ne fais aucun usage des maladies, ni la prière pour le bon, ni la prière pour le mauvais usage des maladies. Je ne suis pas même démoniaque. Le tragique combat de la vie et de la mort ne m’intéresse pas, quand il se poursuit dans les draps du lit. Alors je ne dis pas que ça n’est pas intéressant. Seulement ça regarde d’autres personnes, n’est-ce pas, qui s’occupent d’autres choses, de choses comme du salut. De la sainteté. Je fais une très grande différence entre les différents liquides qui peuvent exsuder, ou extravaser, du corps humain. Le sang est un liquide noble. Couler le sang, faire couler le sang, c’est très bien. Il faut qu’un san kimpur abreuve nos sillons. Je n’ai que du mépris au contraire pour les mucosités plus ou moins flatulentes. Les débris sanguinolents ne me disent plus rien. Les humeurs me sont dégoûtantes comme les tisanes elles-mêmes. Ce Lannes même au fond (un de mes enfants pourtant, mais ai-je bien des enfants ?) cesse de m’intéresser aussitôt que