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centenaire. Il faut tout cela pour l’histoire. Où est votre cette semaine tragique, la plus belle peut-être de toutes, semaine de mai, de qui mai est taché pour son éternité temporelle, semaine tragique, grande comme l’antique, plus grande, si puissamment, si grandement tragique, si douce à moi cruelle. Tant de grandeur, tant de bassesse(s). Trente mille martyrs ; trente mille morts ; trente mille meurtres ; trente mille crimes. Des dévouements sans nom. Trente mille sacrifices ; trente mille folies. La terreur et le meurtre. Et dans tout ça, mêlées, des histoires de concierge. L’assouvissement des haines. La luxure du meurtre et du sang. Un orgueil fou. Une insouciance encore plus admirable. Le(s) concierge(s) roi(s). Tant de bravoure comme aux temps (les plus) héroïques. Un exercice de trahison comme aux temps les plus bas des abjections romaines ; un jeu de délations plus qu’impériales, plus que triumvirales ; et un exercice, un jeu de fidélités plus qu’antiques, une célébration d’hospitalité plus qu’antique, plus qu’hellénique, plus qu’odysséenne, et plus que Priam aux pieds d’Achille. Et tant de haine et tant de charité qu’en plein treizième siècle. Une sorte de reéclatement à distance, à quelle distance, un éclat soudainement éclaté, à vingt siècles, à sept et quatre siècles, de tout l’antique et de tout le chrétien. Tant d’infamie, tant d’ignominie, tant d’ignobiliesse. Et tant d’espièglerie héroïque. Vous me parlez, mon ami, de maladie et de fatigue. Vous allez me parler de potion. Oui, vous prenez de l’euonymine Thibault, sans doute, peut-être de l’aloïne, dernier perfectionnement. Vous comprenez combien je méprise toutes ces drogues. Et qu’il faut que vous soyez vraiment bien goujat pour oser parler ainsi en public, (même