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avec ses lorgnettes ; le même État-Major bien entendu qui devait (tant) trahir plus tard ; mais quand ça va mal on dit qu’il trahit, on voit qu’il trahit. Quand ça va bien, on ne trahit jamais ; et le général des généraux. Vous comprenez, voilà ce qu’il faut me dire, à moi. Alors je vous entends. Mais vous vous n’entrez ni dans l’histoire militaire ni dans l’histoire économique. Vous n’entrez pas dans l’histoire militaire, la seule qui m’intéresse au fond. Et d’autre part vous n’entrez pas davantage dans les statistiques, vous savez, dans les histoires économiques, la seule à laquelle je suis forcée par les pouvoirs publics, depuis les nouveaux programmes, de faire semblant de m’intéresser uniquement ; aussi je l’aime, dites-le bien, comme ma fille unique. N’oubliez pas surtout de bien le répéter à ces messieurs les inspecteurs. Vous me parlez de maladie et de mort. Une mort qui dure aussi longtemps ne m’intéresse pas. Elle m’est même suspecte, sachez-le. Et à bon droit. Avez-vous seulement cette magnifique hécatombe, cette semaine rouge, les rues rouges, la rue rouge, cette semaine pourpre, cette semaine admirable, cette semaine pourprée, cette semaine sanglante, rouge comme une rose pourpre, ces trente mille morts, trente mille fusillés. Et pour Paris l’auréole, la tragique auréole de ce double siège. Non, n’est-ce pas. Alors de quoi parlez-vous ? Apportez-moi donc seulement vos morts. Voyons, comptons-les.

Où est votre semaine. Quelle sera votre fête ? Quel votre anniversaire ? Quel jour sera le jour de votre commémoration ? Quel jour les petits arrivistes ultérieurs célébreront-ils, organiseront-ils votre glorieux cinquantenaire, votre centenaire, votre bi-, votre cinq-