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matière de mesure, objet de mes mesures. Vous ne m’apportez jamais que de l’immesurable. Où sont vos guerres civiles et vos guerres nationales ? Vos guerres plus que civiles ? Où sont vos batailles rangées ? Où (sont) vos échafauds, les échafauds que vous avez dressés et ceux où vous êtes montés ? Car, vous comprenez, pour nous, ça revient identiquement au même : c’est l’échafaud, c’est la barricade, c’est la bataille, c’est l’appareil qui fait la grandeur et la dimension, c’est le parement et l’apparat qui fait la capacité historique ; c’est l’arrimage : peu importe après que vous soyez dessus ou dessous. Et le côté de la barricade est ce qui m’importe le moins. Pourvu qu’il y ait des barricades. Mais où sont vos batailles de rue, où sont vos batailles de plaines ? Les chaudes batailles dans les blés brûlés. Wagram. Ce brûlant soleil. Cette poussière. Et cette brûlante journée de juin où il y avait eu un orage la veille. Vous vous rappelez. Et alors les terres étaient détrempées, comme disent nos historiens. Vous comprenez ce que ça veut dire. Ça veut dire qu’il y avait de la boue. La sale boue (noire et) liquide des plaines belges. Boueuse. Pleine de boue. La terre pleine de terre et d’eau. Alors on n’en sortait pas. Alors l’artillerie n’avançait pas. Vous comprenez. Les canassons ne tiraient pas. Ne pouvaient pas en sortir.

Voilà la vérité. Alors la bataille a commencé trop tard. Des fondrières, quoi. Ce que dans tous les pays du monde on a toujours nommé vulgairement des fondrières. Alors il y avait de la boue, de la boue ordinaire, de la boue comme il y en a tous les jours, jusqu’aux essieux. Seulement ce jour-là elle a compté,