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moins ils auront accès auprès du grand public, auprès de ce que nous pouvons nommer le public, tout court.

De plus en plus, d’année en année, et pour de longues années peut-être, le grand public s’abandonne et on l’abandonne, le public est abandonné à toutes les bassesses : à la pornographie, et non pas seulement à la pornographie grossière, vulgaire, basse, à la pornographie du ruisseau, à la pornographie des foules et des masses, à la pornographie populaire, à la pornographie de la plèbe, dont nos moralistes professionnels mènent tant de bruit, qui serait encore la moins dangereuse de toutes, et presque naturelle, en un certain sens, mais à la pornographie censément élégante et sociable, à la pornographie mondaine, à la pornographie du salon, du coin de la cheminée, la plus pernicieuse de toutes, à beaucoup près, et qui, à son tour et par un débordement prévu, par une imitation, par une contrefaçon, par une singerie prévue envahit le peuple même ; à la frivolité, à la fatuité mondaine, à la légèreté, à la futilité, à la fausse élégance mondaine, à toute la mondanité, barbarie infiniment pire et plus dangereuse que l’obscénité même. Et de ce que sont devenues les mœurs politiques, parlementaires, électorales, de la corruption politique il vaut mieux ne point parler.

Ne nous félicitons pas. Nous sommes des vaincus. Le monde est contre nous. Et on ne peut plus savoir aujourd’hui pour combien d’années. Tout ce que nous avons soutenu, tout ce que nous avons défendu, les mœurs et les lois, le sérieux et la sévérité, les principes et les idées, les réalités et le beau langage, la propreté, la probité de langage, la probité de pensée, la justice