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pas à l’argent, car il faut toujours que cela se prenne quelque part, et que ce qui ne coûte pas à l’argent, ce qui ne coûte pas en argent, se paie par un surmenage perpétuel, un risque de mort constant, des ravages irréparables de la santé.

C’est ainsi que les seules personnes, les quelques personnes qui sachent non seulement vraiment mais réellement ce que c’est que les cahiers sont quelques chefs, propriétaires, directeurs des plus grandes maisons d’édition de Paris, dont le nom a paru quelquefois dans ces cahiers dans les remerciements que je leur ai faits, qui sont nos abonnés, qui nous lisent et nous suivent de près, qui seuls peut-être nous mesurent à notre mesure, et le peuvent, qui dans la misère croissante de ce pays, dans le marasme croissant des affaires, dans toutes ces crises des affaires, et plus que toutes autres dans le marasme et dans l’effroyable crise de la librairie, nous estiment à notre juste prix, je veux dire en connaissance de cause, en connaissance de difficulté, qui me traitent personnellement avec une amitié affectueuse, confraternelle et quelquefois, vu leur autorité, presque paternelle, et qui, sachant, eux, ce qu’ils disaient, m’ont dit vingt fois : Ce que vous avez fait, personne n’aurait pu le faire, et à aucun prix.

D’autre part et deuxièmement, non plus en fait, mais en calcul, que l’on ne se trompe pas en calcul. Que l’on ne s’abuse pas sur ce qui nous attend. Ni sur l’avenir prochain de nos cahiers, ni sur l’avenir prochain de ce pays. Dans cette barbarie, dans cette inculture croissante, dans ce désarroi des esprits et des mœurs, dans ce désastre de la culture, plus nos cahiers seront bons,