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de ces cahiers, avant le départ d’il y a dix ans) et, car il faut dire le mot, de soucis d’argent.

Nous souffrons surtout, depuis quatre ou cinq ans, d’une opinion totalement fausse qui s’est établie sur la prospérité de nos cahiers. Quand nous rencontrons des gens, même des amis, qui ne nous ont pas vus depuis un certain temps : Eh bien ! nous disent-ils, ça va très bien, les cahiers. Ils veulent dire par là confusément ensemble : qu’ils sont très contents des cahiers qu’ils reçoivent, qu’ils entendent parler très favorablement partout des cahiers, et que par conséquent nous sommes évidemment très à l’aise pour les fabriquer.

Nego consequentiam. Je nie cette conséquence. Il faut rompre cette conséquence, il faut dissiper cette confusion. Je reconnais moi-même qu’elle est toute naturelle. Quand nos abonnés reçoivent de quinzaine en quinzaine, avec une régularité aussi ponctuelle, des cahiers fabriqués avec une attention aussi soutenue, aussi inlassable, avec tant de sérieux, avec tant de sévérité, avec tant de soin, avec tant de convenance, avec tant de sollicitude, comment ne croiraient-ils pas, en ce temps de sabotage universel, que c’est que nous en avons les moyens, et que nous sommes à notre aise pour travailler. N’est-ce point là la conséquence ? la pente ?

Qu’ils se détrompent. Et qu’ils se détrompent doublement. Qu’ils se détrompent en fait. Si en fait en ce temps de sabotage universel nous avons maintenu la décence et la propreté de la fabrication, de toutes les fabrications, de la fabrication intellectuelle et de la fabrication industrielle, de la plume et de l’encre, de la typographie et de la copie, du papier et de l’œuvre, ce